L’adolescent et le transfert : une rencontre à risques
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L’adolescent et le transfert : une rencontre à risques

La rencontre analytique avec l’adolescent est tout sauf garantie d’emblée, car l’adolescent a toutes les raisons du monde de ne surtout pas vouloir rencontrer un analyste. Quand bien même il a terriblement besoin d’aide, il ne peut ni l’avouer ni se l’avouer, car ce serait reconnaître une dépendance à l’adulte qui justement s’est mise depuis peu à lui faire horreur. Toute reconnaissance de la réalité, voire de la massivité de son transfert à l’égard de l’analyste lui rappelle un amour et une soumission dont il ne veut désormais plus rien savoir. En même temps, alors qu’il se considère comme parfaitement détaché de ses parents, il ne peut en aucune façon se passer d’eux, ce qui pose la question de la présence des parents dans la cure, présence qui se leste parfois d’une réalité avec laquelle l’analyste doit « faire » quoi qu’il en pense. Toutes ces dimensions donnent à la relation transférentielle entre l’adolescent et son analyste une coloration particulière. La haine, le rejet, l’agressivité y sont prégnants. Autrement dit, le transfert adolescent a ceci de particulier que la question du meurtre y est centrale.

C’est la mère d’Ismaël qui m’a téléphoné. Son fils, âgé de 11 ans, et en dernière année d’école primaire, doit voir une psychologue car il a des difficultés de concentration à l’école. Quand je rencontre Ismaël et sa mère, je découvre un garçon beau mais timide, caché derrière sa mèche. La mère prend d’emblée la parole, et m’explique que les problèmes de concentration d’Ismaël sont directement liés à son père, un homme très violent dont elle est séparée depuis trois ans, mais chez qui Ismaël est tenu d’aller un week-end sur deux et la moitié des vacances scolaires. Ismaël ne peut arrêter de penser à son père. Le…

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