Julia a deux ans et demi, elle est debout face à la porte, déterminée à sortir de la pièce de consultation dans laquelle je la reçois avec sa mère. Elle détourne son regard et ne répond pas à mes propositions d’échanges, ne se tourne pas vers sa mère, ni ne cherche son contact. Elle semble au contraire vouloir s’éloigner de notre conversation, non par gêne ou par peur de ma présence, mais plutôt parce qu’elle a un besoin irrépressible de courir, d’aller et venir tel un tourbillon dans un mouvement ininterrompu de décharge. Elle virevolte, touche à tout sans réussir à s’arrêter sur un jouet. Sa mère, Madame L., se plaint de cette agitation permanente et du fait que Julia reste éveillée une bonne partie de la nuit, sort de son lit et marche dans l’appartement alors que toute la famille est endormie. Elle est en hypervigilance et ne parvient pas à régresser dans le sommeil. Depuis quelques mois, elle refuse tout rapprochement avec sa mère au moment du coucher. Le seul moment où Julia semble baisser la garde, c’est le moment où d’épuisement elle vient s’allonger au pied du lit de sa mère et s’endort enfin. Face à moi, Madame L. a le regard perdu et visiblement déprimé et dit se sentir très coupable de cette situation. Elle me raconte alors que tout ceci a commencé six mois auparavant quand Julia a vu son père partir précipitamment avec les pompiers – victime d’une attaque cardiaque – et ne l’a vu réapparaître que bien des semaines plus tard. Monsieur L. a été hospitalisé en service de réanimation, entre la vie et la mort pendant des jours et toute la famille est restée suspendue en état de choc. Il semble qu’au moment où je rencontre Julia avec sa…
Le bébé non câlin(1), une réponse en deçà de la dépression
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