Quelle “théorie du genre” faut-il retenir de l’œuvre de Jean Laplanche ? Il s’est penché en 2003 sur la question : pourquoi introduire le genre en psychanalyse ?1, et argumente : « le genre, pour le définir, le terme capital est celui d’ “assignation”, qui souligne le primat de l’autre dans le processus […] c’est dans le social qu’est inscrite l’assignation […] c’est le petit groupe des proches qui inscrit dans le social, mais ce n’est pas la Société qui assigne ». Or ce “primat de l’autre” est-il du registre symbolique (le “primat de l’Autre”) mis en valeur par la théorie psychanalytique, ou bien est-ce un primat de registre social, ce que considère la théorie du gender d’origine américaine dont la thèse veut prouver un arbitraire de la désignation de l’identité sexuelle traduisant une approche normative de la société, autrement dit une désignation s’imposant sans être fondée depuis le constat corporel ?
LA THESE DE L’ASSIGNATION
La théorie du gender prétend donner ses lettres de noblesse à une révolte sociétale fort justifiée dans la société américaine qui persécuta l’homosexualité comme bien des sociétés anglosaxonnes (ainsi l’Angleterre condamnant Oscar Wilde et Alan Turing). Mais la justesse d’un combat social ne prouve pas la théorie plaquée sur lui. La thèse de l’assignation sous-entend une oppression contre laquelle il serait juste de s’insurger pour contester un tout-pouvoir qui serait dévolu à “l’autre” ; cela ne concorde pas avec les travaux psychanalytiques sur le lien parent-enfant, il est vrai ignorés par Laplanche : « ce domaine est finalement très mal exploré, celui du rapport inconscient des parents à leurs enfants ».
Certes « la question de base est celle de l’identité sexuelle ; la tendance actuelle est de parler de l’identité de genre et la question…
Déjà abonné ?
Les abonnements Carnet Psy
