Introduction. Sur les traces du masochisme
Cet article, inspiré de notre recherche (Ollier, 2023), propose d’éclairer la question du harcèlement scolaire en interrogeant certaines dynamiques intrapsychiques chez l’adolescent harcelé. Pour ce faire, il a fallu nous dégager de l’antagonisme dialectique entre le bourreau et la victime et aller au-delà même des considérations actuelles relatives à la victimisation. Interroger la présence d’un masochisme chez certains adolescents harcelés ne fut pas aisé, tant l’idée de bénéfices primaires et secondaires – et, par là même, d’un plaisir inconscient – peut paraître scandaleuse. Pourtant, notre pratique clinique et la littérature nous ont conduits sur les traces du plaisir de la passivité, de l’aspect mortifère de la répétition et de la soumission à un objet perçu et vécu comme tout-puissant. Cette question s’est également posée à nous du fait de la tranche d’âge des sujets qu’est l’adolescence et dont les réaménagements identificatoires favorisent les compromis à coloration masochiste (Chabert, 2000).
Appréhender les bénéfices inconscients au cœur de cette problématique est essentiel pour la prise en charge individuelle. Si, comme nous le postulons, chez certains adolescents harcelés, une forme de compromis à coloration masochiste est à l’œuvre, l’accompagnement doit avant tout s’adresser aux dynamiques psychiques, sans quoi il paraît difficile pour le sujet de retrouver une forme d’autonomie et de souplesse identificatoire. Le risque est que ce plaisir masochiste inconscient favorise la répétition et l’enkystement dans la position de victime (Mazoyer, 2020). Rappelons d’ailleurs que beaucoup de ces adolescents étaient déjà harcelés en primaire. Ainsi, si les actions de sensibilisation et de prévention sont nécessaires, elles ne sauraient se substituer à une prise en charge psychothérapeutique individuelle.
Moussa. Un exemple de la diversité…
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