Nous disposons, à ce jour, d’un demi-siècle de recul sur ce que nous ont apporté successivement les grands courants théoriques sur les groupes. D’abord, le courant psycho-social nord-américain qui a tenté d’explorer expérimentalement les influences du groupe sur le sujet, avec Kurt Lewin et la notion de dynamique de groupe, qu’il développe ainsi que la théorie du champ. Suivent le travail de Mayo et Kardiner qui donnent au courant américain son soubassement théorique en référence directe aux modèles que proposent les sciences dites exactes. C’est dans cette perspective que s’inscrit Moreno, émigré aux Etats-Unis, où il va développer la technique du sociogramme, mais aussi les bases du psychodrame à partir des premières intuitions du théâtre spontané, qui avait vu le jour en Autriche du temps de Freud.
Dans les années 50, le développement de l’École anglaise joue un rôle important dans l’évolution de la pensée sur le groupe, car elle s’inscrit, à la suite des travaux de Mélanie Klein dans une prise en compte désormais nécessaire de la vie inconsciente et des productions fantasmatiques du groupe. Pendant la guerre de 39-45, l’Angleterre voit se développer tout un courant de pensée, qui s’ancre dans les pratiques groupales des médecins militaires psychiatres et psychanalystes qui interviennent à la Tavistock Clinic. Il s’agit de Foulkes, Balint et Bion. Ce dernier fait des propositions théoriques originales qui aboutissent à la formulation des fameuses hypothèses de base.
Toute la théorisation de D.W. Winnicott, psychanalyste d’enfants qui travaille en individuel, va toutefois marquer l’évolution des idées au point de proposer le modèle du jeu, qui puisse influencer définitivement le travail des praticiens aussi bien avec les patients difficiles pris en charge individuellement, qu’avec les groupes. C’est dans cette perspective que René…