En partant de la Conférence d’introduction à la psychanalyse de Bernard Bensidoun pour la Société psychanalytique de Paris, Shirley Leong revient sur le traumatisme à l’adolescence.
Bernard Bensidoun, à l’inverse de ce que propose la société actuelle, vous soutenez l’idée selon laquelle une certaine clinique aiguë de l’adolescent pourrait être comprise sans le recours à l’hypothèse d’un traumatisme physique. Est-ce bien cela ?
Certains traumatismes consistent dans le fait qu’il ne se soit rien passé. Si Freud a suivi l’hypothèse d’un traumatisme physique qu’il a nommé sa Neurotica, c’est en y renonçant que cette théorie fondée sur le perceptif lui a ouvert la voie de l’inconscient. Des auteurs comme Winnicott (1975), André Green (1993) ou César et Sara Botella (2001) indiquent une direction de recherche possible : il s’agit de ce « quelque chose » qui « aurait dû avoir lieu qui n’a pas eu lieu » et cela sans que l’enfant ne « perçoive » et « se représente ce négatif ». Dans un temps où les effets destructeurs du narcissisme se manifestent en privilégiant la réalité externe et le perceptif aux dépens du monde interne et de la pensée, il me semble important de penser le traumatisme dont l’élaboration a suivi un chemin inverse.
Alors, quelles sont les pistes pour penser ces choses qui ne se seraient pas passées ?
La croissance psychique nécessite un préalable, à savoir la reconnaissance de l’altérité à travers la différence entre les générations. Freud (1908, p. 253) écrit à ce sujet que « l’individu, au cours de sa croissance, se détache de l’autorité de ses parents, c’est l’un des effets les plus nécessaires mais aussi les plus douloureux du développement. Il est tout à fait nécessaire…
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