Les « Mixed Martial Arts » sont-ils solubles dans la pulsion sexuelle de mort ?
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Les « Mixed Martial Arts » sont-ils solubles dans la pulsion sexuelle de mort ?

En hommage au regretté Professeur Jean Laplanche« La cruauté et la pulsion sexuelle s’entre-appartiennent au plus intime, c’est ce qu’enseigne sans nul doute l’histoire des civilisations humaines ».

Sigmund Freud,Trois essais sur la théorie de la sexualitéVienne, 1905.

Ils s’observent. Se jaugent. Du seul regard. Aucune parole ne doit être prononcée sous peine, tel le mauvais œil, de perdre quelque énergie essentielle au seuil du combat. Le mot libérateur, « meurtre de la chose », demeure tabou. Ils pénètrent sur le ring, arène bruyante dédiée à ces gladiateurs des temps modernes : entourée d’un grillage, une cage matelassée marque la limite d’un territoire. Cet espace singulier instaure une rupture avec le principe de réalité. S’engage alors un choc de titans aux corps musculeux, bientôt suivi d’une mise à terre et, pour le profane peu habitué à cet environnement particulier, d’un indescriptible déchainement de violence, de douleur, de souffrance. La sudation de l’effort remplace l’huile sur la peau, favorisant une dialectique fusionnelle où se succèdent mise à distance et verrouillage du corps de l’autre, véritable fil rouge dans cette lutte acharnée. La « soumission » totale de l’un des combattants signe la victoire de son adversaire. En vogue depuis plusieurs années, toujours interdits pour la compétition en France, les Mixed Martial Arts (MMA) combinent comme leur nom l’indique plusieurs arts martiaux dans une logique de combat radical et de lutte rapprochée : au point, selon leurs adeptes 1, de représenter « l’aboutissement absolu » d’un engagement sportif initié, pour les uns dans la boxe, thaï ou anglaise, pour les autres dans le judo. L’un des responsables de club tient même les MMA pour « la Dame dans le jeu d’échecs » pièce maîtresse illustrant, selon lui, la polyvalence de ses mouvements et la complétude de sa puissance. La « Dame ». Pas la « Reine ». Un indice ?

L’intérêt de la psychanalyse appliquée 2 aux Mixed Martial Arts, semble a priori étrange. Mais n’est-ce pas l’étrangeté même qui sous-tend toute la psychanalyse ? Des philosophes 3 ont déjà pris comme sujet d’études le rapport du corps à la douleur. Des sociologues également : après son Anthropologie4, David Le Breton a décrit avec sa finesse coutumière ces « douleurs dénuées de souffrance 5 » dans le monde du sport de compétition ou dans celui de l’extrême. Il en va ainsi, selon lui, de la boxe : s’il note bien « l’ambivalence 6 » de cette relation aux blessures et la dimension « paradoxale » de ce « métier » consistant à « recevoir et prodiguer des coups sans mesurer la violence des frappes », l’auteur en circonscrit la portée à « l’usage social ». Sans s’interroger plus avant sur les raisons psychiques sous-jacentes susceptibles d’apporter, oserons-nous dire, un éclairage supplémentaire à ces « jeux de lumières » qui « transfigurent le drame 7 ». C’est souvent en pleine luminosité que nous voyons le moins bien : l’éminent sociologue trahit son éblouissement d’une simple locution dans ce développement sur les boxeurs : « deux hommes que n’oppose aucune haine 8 ». D’où David Le Breton tient-il cette certitude ? D’où pourrait venir, à cet égard, cette incroyable énergie pulsionnelle si discernable chez les combattants de boxe ? Et a fortiori chez ceux des Mixed Martial Arts ? Se frappent-ils seulement pour l’amour du prochain ? L’amour d’eux-mêmes peut-être ? Cette assertion, dont nous interrogeons la formulation sans précaution, a constitué une sorte de déclic dans notre décision d’aborder cette problématique sous l’angle de la psychanalyse. La rencontre et les nombreuses heures de discussions avec plusieurs adeptes des Mixed Martial Arts, et en particulier un jeune psychologue versé dans la compétition internationale, auront emporté les reliquats d’hésitation sur l’opportunité de la démarche. Assumons-la dans son intégralité désirante.

Explicitons la par surcroît en termes cliniques : si aucun de ces passionnés des MMA ne s’est allongé sur le divan de l’auteur, force est portant de constater le fait que ces entretiens, réitérés pour nombre d’entre eux sur plusieurs mois, frayent amplement avec la psychanalyse. Lors de ces rencontres, ces interlocuteurs revenaient en effet sur les échanges précédents, en reconnaissaient la cause de leurs réflexions subséquentes, approfondissaient les raisons qui motivèrent leurs choix et explicitaient avec cette dose de résistance typique d’une séance, leurs éprouvés lors des entraînements, des combats et des éventuelles défaites. Ils se racontaient en outre dans une perspective décentrée. Autant d’éléments effleurant ce « praticable » analytique élaboré par Jacques Nassif 9. En ce qui nous concerne, nous ferons mention tout au long de ce texte, des élaborations et autres associations libres, cliniciennes pourrions-nous dire dans une amplification psychique à peine exagérée de ce terme. Amplification rendue certes fragile par ce « hors les murs ». Mais nous nous plaisons à revendiquer, dans une approche épistémologique que Freud lui-même n’a pas toujours dédaignée 10, la fantaisie de la spéculation. Risque, nous semble-t-il, aussi limité que le tatami clos des MMA mais qui n’exclut pas l’observation, nourrit le fantasme et crédite le recours au registre de la « sorcière » métapsychologique. Pour le dire encore plus nettement, l’observation « également flottante » des entraînements et des combats dans ces arts martiaux mixtes témoigne de l’omniprésence, aussi intrusive qu’inattendue, de la sphère pulsionnelle. Celle-ci « parle » à l’analyste comme le ferait n’importe laquelle des associations libres d’un patient. Reste la question de la « demande » : un désir partagé du sportif et de l’analyste. Le premier intrigué par cette vérité latente à la base de son engagement. Le second mû par cette exigence de confronter, de faire « travailler » un savoir en quête perpétuelle.

I – Les Mixed Martial Arts : une nouvelle « horde » ?

Les jeunes adultes ne choisissent pas de pratiquer les MMA par hasard. Malgré la diversité souvent confuse des explicitations prodiguées ici ou là, ceux qui optent pour ce sport évoquent les « difficultés d’un contexte familial », « la nécessité d’une dépense physique », un « trop plein d’émotions », un besoin de « canaliser leur violence 11 ». L’inscription au club se fait par l’entregent d’un membre plus ancien qui vaut initiation ou rite de passage 12. Nous comprenons mieux la réaction de méfiance vis-à-vis de l’intrusion d’un « étranger 13 » lorsque plusieurs des participants mentionnent, au travers de leur adhésion, leur « besoin de protection », « le ressenti d’une famille », leur « sentiment d’appartenance identitaire au groupe », celui de leurs pairs. Pour une majorité probablement, des individualités fragilisées par des parcours ponctués d’angoisses, au sens d’un « abandon du sujet sans défense par sa propre attaque pulsionnelle » 14 et qui se regroupent dans un cercle rassurant plus étroit 15 édictant des règles impératives pour tous : « Le club est une famille, j’y passe plus de temps qu’avec mon épouse », dit l’un d’eux. « Même quand on a rien à y faire, on vient au club », confirme un autre. Des liens affectifs puissants unissent cette solide fraternité d’armes 16, « horde freudienne 17 » contemporaine où l’imago du « grand frère », voire celle du coach, se substitue, moins agressive sans doute, moins menaçante aussi, à celle du père mais en signe, miroir d’une relation troublée à l’autorité et compensée par une discipline extrême, la terrible carence. « Mon père préférait mon frère », raconte l’un deux qui admet « avoir dû se battre pour se faire reconnaître de son géniteur ». Une image en outre proche du super héros marvellien 18 : relatant son histoire, un leader du groupe s’identifie à « Bruce Lee, héros, revenu de Chine pour sauver sa famille ». Notons, par surcroît, le surgissement d’un phénomène de dépendance : « sans cela, je me sens mal », peut-on entendre au détour de conversations. Une assuétude dont témoigne l’inexorable progression dans l’intensité du lien à la douleur 19 : la majorité des praticiens cheminent, de la boxe anglaise ou du judo, jusqu’aux Mixed Martial Arts. Ils semblent irrésistiblement attirés par le jusqu’auboutisme, physique et mental, de ces arts martiaux mixtes. Reste la question, pour suivre Freud dans l’élaboration de son mythe, posée par son éventuelle composante homosexuelle.

Deux constats dont surgissent deux développements articulés autour de la pulsion, « concept limite entre le psychisme et le somatique » rappelle Freud 20 : l’énigme du rapport pulsionnel sexuel au corps de l’autre et à la douleur (II). Celle, ensuite, du combat qui révèle les enjeux inconscients dans le même registre psychique, de la « soumission » (III).

II – L’entraînement : le rapport énigmatique au corps de l’autre et à la douleur

Contrairement à la boxe qui impose une distance entre les rivaux, les MMA se situent, selon leurs affiliés, dans « la fusion » et « la proximité ». Voire la promiscuité : « On vit ensemble, lâche spontanément l’un deux, en parlant de son colocataire, lui aussi adepte des MMA » : « la sexualité est coextensive à l’inconscient 21 ». Rappelons rapidement les méandres de la corrélation à cet autre, der Andere selon l’acception freudienne : « la première par rapport à la construction de la subjectivité humaine 22 ». Et ce « primat » de l’autre, en inversant la formule sur la théorie de la séduction du Pr Laplanche, « ouvre directement sur la question du sexuel 23 ». Der Andere devient alors das andere : l’autre originaire, l’autre en soi, « corps étranger interne 24 », « première scène 25 », cause et conséquence du processus de refoulement et instaurateur du « choc sexuel-présexuel » écrit Freud à Fliess dans une lettre du 15 octobre 1895. Ce « sexuel » fait « irruption » dans une étape « pré-sexuelle 26 », au sein d’une psyché encore inapte à la symbolisation 27. Evènement qui « comporte obligatoirement sur un mode mineur le plus souvent, majeur parfois, un élément d’effraction caractéristique d’une douleur 28 ». S’agit-il d’un traumatisme au sens freudien du terme : un « choc violent », « une effraction de l’organisme comportant rupture d’une enveloppe protectrice » ? Et ses conséquences : « un retentissement sur l’ensemble de l’organisme, entraînant de la part de celui-ci, une réaction globale, plus ou moins inadaptée, disproportionnée, catastrophique 29 » ? L’examen de cette définition soulève, d’un point de vue extérieur, une première énigme pour qui observe le praticien des Mixed Martial Arts : appartiendrait-il à la catégorie des traumatophiles, un de ces philobates « les gens qui marchent sur la corde raide » par opposition aux ocnophiles lesquels « s’accrochent à ce qu’ils ont » 30. Plus analytiquement : le modus operandi des MMA réitèrerait-il compulsivement « la situation originaire de l’être humain 31 », une problématique infantile ressurgissant chez l’adulte ?

Le sujet se constituant sur le modèle de ses objets internes, bons ou mauvais, l’indispensable présence de l’autre prend dès lors tout son sens : un réapprentissage, au travers du maniement des « prises » dans la relation conflictuelle et réglementée au challenger, de l’enveloppe corporelle-psychique, ces « enveloppes imaginaires qui viennent se former à partir de l’enveloppe physique 32 » et que certains auteurs assimilent à un « self33 ». Une enveloppe dont tous les combats, perçus comme le Höhepunkt des MMA 34, viseraient à tester la compacité en la confrontant à l’effraction et ce, dans une perspective qui n’est pas étrangère à celle suggérée par la castration. Les entraînements destinés à enseigner « la fluidité des mouvements dans le corps à corps », alternent distanciation, libération de l’emprise de l’autre et tentative de cadenasser ce corps étranger qui à l’instant cherchait lui-même à vous emprisonner : singulière réplique sur le tatami du « Fort ! Da ! », jeu de la bobine auquel se livrait le petit fils de Freud symbolisant présence et absence de la mère, quitte à rendre cette séparation acceptable par la métaphorisation psychique 35 d’un retour potentiel. Question de survie là aussi. Un professionnel allemand du kickboxing36, pourtant critique vis-à-vis des Mixed Martial Arts, conteste lors d’une de ces multiples discussions, ce parallèle : « en cherchant à desserrer l’étreinte », explique-t-il, « le combattant vise à reprendre son souffle et à mesurer le degré de fatigue de l’adversaire ». Selon lui, « pour le bébé, le « fort-da » n’est qu’un simple jeu ». Ne perçoit-il pas la dimension haletante, de réassurance et de soutien que le tout-petit s’octroie à lui-même dans son « combat » avec son autre fantasmant le sentiment abandonnique ? Evoquant son choix, ce sportif hambourgeois a librement puisé dans ses souvenirs d’enfance : frêle de constitution, il redoutait les bandes de « mauvais garçons dans les rues ». Une faillibilité extérieure à l’opposé de ses « responsabilités dont sa mère l’avait investi » en tant qu’aîné envers ses frères et sœurs, et ce, en remplacement d’un père alcoolique. Son métier actuel dans la fonction publique régalienne mêle aujourd’hui cryptophilie et pulsion d’emprise : le recours légal – indubitablement savouré – à la seconde, crédibilisée par la pratique d’un sport de combat, sert à masquer les vulnérabilités intérieures. Nous ne pouvons pas manquer de voir, dans la duplication de ces manœuvres, cet « état de besoin de la répétition » puisant son mécanisme dans un « but de la sexualité infantile 37 ».


Nous en relevons aussi la preuve dans « le caractère rythmique » de ces préparations physiques. Celui justement à l’origine des « zones érogènes partielles 38 ». Freud consacre tout un paragraphe à ces « excitations sexuelles par secousses mécaniques rythmiques du corps » en liaison avec les « effets stimulants concernant la peau et les muscles et appareils articulaires 39». Une illustration adéquate : dans la stratégie du combat, la gymnique des Mixed Martial Arts  revendique la « fluidité » où chaque parcelle anatomique du corps de l’autre devient techniquement un dangereux guet-apens ou une ressource salvatrice. Elle offre aussi, paradoxe psychique cette fois-ci, ce « contact cutané abondant avec l’adversaire » devenant « agissant » en termes « d’excitabilité 40 ». Ce passage des Trois Essais sur la tonalité sexuelle de « l’activité musculaire » insiste en outre sur le « lien infantile entre bagarre et excitation sexuelle : une tradition issue « de luttes avec leur compagnon de jeu » ». Une note de 1910 ajoute un point important pour la déclinaison de notre sujet : l’éducation culturelle moderne « se sert du sport à grande échelle pour détourner la jeunesse de l’activité sexuelle 41». Ou plus précisément du « rôle joué par le refoulement sexuel 42» dans ce phénomène. Et Freud d’en préciser la conséquence : celle de « repousser l’activité sexuelle vers l’une des ses composantes autoérotiques 43 ». Cette considération nous fournit une clé que nous tenons pour
essentielle afin de prolonger notre analyse.

Dans son chapitre précédent des Trois Essais sur les « aberrations sexuelles », Freud évoque le « cas des composants de la douleur et de la cruauté de la pulsion sexuelle » pour préciser que « c’est la peau qui assume le même rôle », celui de zone érogène. « La peau encore, admet-il, se différencie dans des parties corporelles particulières en organes sensoriels, et s’est modifiée en muqueuse, c’est-à-dire la zone érogène par excellence 44 ». Comme l’explique ingénument un lutteur : « en comparaison du karaté, plus de vêtement, que le short ». Un retour vers l’état de nature qui ne s’opposerait en rien à la primitivité pulsionnelle. Peau, douleur et sexualité donc. Tentons d’examiner de quelle façon s’articule cet étrange triptyque. Commençons par la peau, mise à si rude épreuve dans ce sport : dès 1914, Freud tient l’érogénéité pour une propriété générale de tous les organes, parlant « de l’augmentation ou de la diminution de celle-ci dans une partie déterminée du corps 45 ». Toute partie du corps, la surface cutanée comme toute autre zone corporelle, peut donc « venir en érection 46». Sadger a consacré tout un article à ce triple érotisme « musculaire », cutané » et des « muqueuses »47. De quelle sexualité s’agit-il ? Pour le comprendre, il nous faut remonter un peu en amont de l’exploration, par Freud, des mécanismes pulsionnels.

Freud établit à l’origine une distinction entre douleur et déplaisir dans le rapport à la tension pulsionnelle et aux mécanismes de décharge ou d’écoulement. Une distinction repérable dès son Esquisse d’une psychologie 48 et bien explicitée par Jean Laplanche 49 :  « dans la douleur, le moi se resserre en un point du corps 50 ». Un moi dont Freud rappelle aussi dans Le moi et le ça qu’il « n’est pas seulement une surface, il est la projection d’une surface ». Nous en mesurerons les prolongements psychiques chez ceux qui échouent dans un combat. Mais c’est surtout en cas de débordement, d’effraction, de perçage des  « dispositifs-écran 51» que se joue l’essentiel. Et ce, pour une raison simple : « la douleur est toujours un afflux d’énergie venant rompre – ou menacer de rompre – une barrière, une limite », y compris « cutanée 52». Dans cet ouvrage 53, Freud n’avait pas, semble-t-il, encore résolu la question du rapport entre « excitation sexuelle » et « satisfaction » du même ordre : fidèle à sa théorie élaborée dès son Esquisse  de 1895, c’est « la décharge durable » qui « met fin à la poussée qui a créé du déplaisir 54». Toutefois, dans sa Traumdeutung de 1900, et à partir d’une lecture de l’auteur anglais Marshall, il émet pour la première fois l’hypothèse, de « sa théorie du plaisir-déplaisir »55.

Dix ans après son Entwurf, Freud réaffirme l’importance, comme source d’excitation sexuelle, de ce  débordement sous la forme d’une action marginale, la coexcitation : « L’excitation sexuelle se forme sous les espèces d’un effet latéral 56 dans une grande série de processus internes dès que l’intensité de ces
processus a franchi certaines limites quantitatives » : il s’agit des « pulsions partielles de la sexualité 57 ». Dans deux textes ultérieurs 58 Pulsions et Destins des pulsions et Le Problème économique du masochisme, Freud établira, disons pour simplifier notre présentation, un premier lien entre douleur et excitation. Puis un second entre excitation et plaisir. Cette douleur est, en premier lieu, un « ébranlement » comme tous ceux dont la liste est déjà esquissée dans les « Trois essais ». Elle constitue une « source indirecte de sexualité au même titre par exemple que l’exercice physique ou le travail intellectuel 59». Les explications essentiellement « énergétiques » des praticiens du MMA citées précédemment en termes de « dépense physique », de « trop plein d’émotions », d’un besoin de « canaliser leur violence », revêtent une portée autrement signifiante pour notre investigation. Si  « coexcitation » il y a dans les MMA, elle n’appert qu’en raison de la présence de l’autre, soit dans l’entraînement, soit lors des combats. Cela obère-t-il pour autant son éventuelle composante auto-érotique ?  A partir du moment où nous faisons l’hypothèse que le « sadiste jouit pour le compte d’un autre », le sadisme opère par « procuration 60».

Notons également que cette approche ne déroge pas aux tout premiers concepts freudiens fondés sur les mécanismes hydrauliques des fluides 61. Freud en mesure les effets : « les sensations de douleur comme d’autres sensations de déplaisir…débordent sur le domaine de l’excitation sexuelle et provoquent un état de plaisir ». Et consentent « au déplaisir de la douleur…62 ». Aussi étrange et incompréhensible que cela puisse paraître, l’exemple des MMA apporte de l’eau au moulin hégélien de la « chose même » : « l’état d’excitation sexuelle est l’exemple le plus importun 63 d’un tel agrandissement de stimulus 64 qui soit empreint de plaisir 65 ». Et Freud de préciser : « On ne peut remettre en doute l’existence de tensions génératrices de plaisir et des décharges qui produisent un effet de déplaisir 66 ». Mais il s’agit en ce cas d’un processus infantile, prégénital. D’avant la période pubertaire. « Le sexuel infantile…ce n’est pas un plaisir d’apaisement, c’est un plaisir d’augmentation de la tension 67 », argument qui définit en outre le régime économique de « fonctionnement 68 » de cette pulsion. « L’excitation due à la douleur et au déplaisir serait un mécanisme physiologique infantile qui disparaît par la suite 69 ». Ou qui le devrait. L’expérience clinique permet à Freud d’affiner sa théorie dont l’aboutissement sera l’élaboration, dans son Au-delà du principe de plaisir 70 en 1920, de la pulsion sexuelle de mort. C’est dans l’analyse et de la préparation et du déroulement d’un combat des MMA que nous allons maintenant puiser d’autres réflexions sur les enjeux inconscients, pulsionnels et sexuels, de la soumission.

III – Le combat : les enjeux inconscients de la soumission

En sortant de la salle d’entraînement, l’un des membres du club en interpelle un autre : « Tu souffres ? ». A la réponse affirmative, l’interrogateur sourit d’aise. Vérification identificatrice, mêlée d’un brin de sadisme, de la jouissance portée par la douleur d’autrui et faisant retour sur la personne propre. Loin d’être explicable par la seule domination d’une instance psychique sur une autre, le ça tourmenté ou le surmoi tyrannique contre le moi par exemple, Freud a toujours considéré « comme plus énigmatique et nécessitant une explication plus complexe, le plaisir de faire souffrir que le plaisir de souffrir 71 ». Pour certains auteurs, à l’image de Wilhelm Reich, « le masochiste ne recherche pas la souffrance pour elle-même et comme vecteur d’un état de plaisir mais comme moyen de défense et de repli érotique face à une menace perçue comme intolérable, à savoir la menace d’un éclatement orgastique 72 ». Relevons dans la formule, malgré son éloignement supposé du freudisme orthodoxe, la notion d’éclatement orgastique qui traduit déjà, avec une nette clairvoyance, un « au-delà » du pulsionnel.

Pour l’hypothèse freudienne, au contraire, « l’excitation due à la douleur et au déplaisir » aura nécessairement la même conséquence, notamment sur le « fondement physiologique du masochisme érogène 73 » : un but passif masochiste. Peut-être dans ce cas, comme dans celui des MMA, s’agit-il de « l’un des rares exemples où il n’est pas difficile à montrer et à faire assumer le fait que le patient trouve du plaisir à son comportement et non qu’il en souffre 74 ». Et le professeur Laplanche d’expliquer à partir des écrits freudiens, le mécanisme suivant : cette pulsion semble, « à côté de son but général (ou pour mieux dire peut-être : à l’intérieur de celui-ci) poursuivre une action commandée par un but tout à fait spécial » : « il faut humilier, dominer…mais aussi infliger de la douleur… 75 », écrit Freud. En fait, deux buts coexistent dans le mécanisme du sadisme corrélé à la douleur : une sorte de coalescence avec cette différence qu’un temps second dérive du fait premier. Processus qui n’est pas sans rappeler le principe d’étayage entre l’instinct d’autoconservation et son dérivé, la pulsion sexuelle élargie : en premier lieu, le « Miterregung », la coexcitation par débordement intensif des quantités, puis, celui du « Nebenwirkung76 », l’effet marginal de sexualité. Le premier but, celui lié à « l’agressivité, est non sexuel ». La douleur stricto sensu contient, quant à elle, « un but proprement sexuel donc sadique « à proprement parler 77 ». Il y a bien cette sorte de double détente dans les MMA : qui a observé un combat note, chemin faisant et après une période, si l’on ose dire, de tâtonnement et d’évaluation de son adversaire, un accroissement de la dose d’agressivité qui vire au débordement et peut contenir des éléments inconscients de sadisme. Témoin organique de cette intensité belligérante croissante : les premières gouttes de sang, effraction simultanée du corps et de la psyché, jaillissent souvent à ce moment là. Le schéma théorique suivant, issu des études freudiennes sur le masochisme, peut nous aider à confirmer cette démonstration : « La libido a pour tâche de rendre inoffensive cette pulsion destructrice 78 et s’en acquitte en la détournant en grande partie vers l’extérieur à l’aide d’un système organique particulier, la musculature 79, et en la dirigeant vers des objets du monde extérieur ». Cette pulsion s’appelle alors la « pulsion de destruction, pulsion d’emprise, volonté de puissance 80 ». Mais « une autre partie de la pulsion sexuelle de mort » ou de destruction, « non déversée extérieurement, reste enclose dans l’organisme, liée qu’elle est libidinalement par la coexcitation sexuelle » : c’est dans cette « dernière partie de la pulsion de destruction » que réside « le masochisme originaire, érogène 81 ». Freud la décrit comme la « part de la pulsion restée dans l’organisme 82 ». Ne serait-ce pas cette dernière qui dans le combat, après épuisement par l’effort musculaire de son quota d’agressivité non sexuelle, semble atteinte, s’ouvrir et prodiguer son inextinguible énergie ?

Parmi les différents « destins » de la pulsion évoqués par Freud dans son texte de 1915, pulsion finalement toujours désireuse d’obtenir un « plaisir d’organe 83 », existe « le retournement en son contraire, soit de l’activité à la passivité soit le renversement de son contenu 84 ». Dans ce dernier cas, le but actif, à savoir « tourmenter, regarder », est remplacé par « être tourmenté, être regardé ». Il s’agit d’un « retournement sur la personne propre » : ce masochisme est un « sadisme retourné sur le moi propre 85 » où le non sexuel côtoie le sexuel, le second s’étayant une fois encore sur le premier. A même de confirmer le « dépassement », le « franchissement » dans le registre pulsionnel de la douleur, la gradation du combat dans les MMA indique un sadisme correspondant à une composante agressive de la pulsion sexuelle qui se serait « autonomisée, exacerbée 86 ». Une modification non seulement du niveau de l’intensité mais aussi de sa nature.

Dès notre introduction, nous interrogions à ce propos la formule de David Le Breton sur « l’absence de haine » entre les combattants de boxe. Nous tenons probablement ici l’un des éléments de réponse. Lequel nous permet, au passage, de rappeler que la haine est première puisqu’à la fin des fins doit triompher l’inorganique, « la tendance au zéro comme la forme la plus radicale du principe de plaisir 87 ». Un autre auteur, et non des moindres, le confirme : « C’est l’hostilité – ouverte ou déguisée – qui engendre et intensifie l’excitation sexuelle, son absence conduisant à l’indifférence sexuelle et à l’ennui 88 ». Rappelons aussi dans un autre champ que celui de la psychanalyse, le fait bienvenu qu’un philosophe outre-Rhin réputé rejoigne, pour une fois, les thèses analytiques en tenant la « colère, puisant dans un surcroît d’énergie 89 », pour le moteur de l’humanité. Il aurait pu aller jusqu’au bout de son désir et mentionner tout simplement la rage. Dans une cure psychanalytique, nous en faisons l’expérience au quotidien : les progrès substantiels riment avec l’émergence sur le divan et dans le transfert, de la haine la plus latente, sinon la plus tenace.

En témoignent, dans cette perspective, les conséquences vécues de la soumission. Elles concernent, de l’identification à la scoptophilie, plusieurs registres notoirement analytiques du « moi comme surface et projection de surface » mentionnées précédemment : « On jouit soi-même de façon masochiste dans l’identification avec l’objet souffrant 90 », explique Freud. Le sujet jouit de l’excitation et non de la décharge. Au point de se demander si, dans les MMA, cette « faim d’excitation 91 » ne conduirait pas ce sportif de l’ultime à préférer « la chasse à la prise 92 ». Cette « satisfaction sur place dans telle ou telle partie du corps, à l’endroit même où l’excitation a lieu » demeure une satisfaction non unifiée, morcelée, …sans objet extérieur 93 » : Cela s’apparente donc à de l’auto-érotisme. Duplicata du temps « auto », rebroussement « de et sur » la sexualité dans la « situation anthropologique fondamentale ». Pour « jouir du corps de l’autre, pas d’autre moyen que d’établir sa toute puissance sur celui-ci en le mettant en morceaux 94 ».

Cet autoérotisme nous permet-il de répondre à l’une des interrogations soulevées au début de notre réflexion sur la tonalité homosexuelle de cette horde fraternelle ? Il est vrai que la présence féminine reste rare et que le monde des MMA demeure principalement masculin. La recherche du corps à corps suggèrerait bien une forme d’homo-érotisme, du ressort toutefois du sexuel prégénital. Autrement dit, d’une « pulsion sexuelle disqualifiée ou déqualifiée par rapport à l’instinct en ce sens qu’elle ne peut plus être définie par la tendance à la procréation ni même par la relation génitale 95 ». Réponse qui doit néanmoins prendre en compte le passage par l’accession adolescente à la génitalité, au moins physique, compte tenu de l’âge requis des combattants. Homo-érotisme ? Homosexualité ou hétérosexualité ? Une seule certitude l’emporte : il s’agit d’un « conflit impossible à résoudre » : « l’hétérosexualité d’un homme n’admet aucune homosexualité et inversement », explique Freud dans le « Le moi et le ça ». Le fait d’effleurer le thème suscite la plupart du temps un déni offensif immédiat. Voire, dans l’un des cas les plus probants, un déni préventif avant toute allusion à la question : le contre-feu allumé par les pompiers dans le but d’éviter la propagation de l’incendie.

Dimension sexuelle, non génitale mais sexualité « élargie », non liée : il s’agit bien de la pulsion sexuelle de mort telle qu’elle est spéculativement suggérée par Freud dans Au-delà du principe de plaisir et dont les travaux du professeur Laplanche ont substantiellement validé l’hypothèse. « L’affirmation de la pulsion de mort, c’est l’affirmation de la sexualité à l’état radical, là où elle est indissolublement jouissance et mort, désir, interdit et transgression » 96. « Pulsion de vie et pulsion de mort » ne sont finalement que les deux aspects de la pulsion sexuelle. La première vise l’« objet total », la seconde se cantonne à « l’objet partiel 97 ». D’un point de vue philosophique, toujours selon Peter Sloterdijk décidément en phase avec la psychanalyse : « l’absence d’objet, son abstraction, proche de l’absence d’objectif garantit son débordement vers l’universel 98 ».

La préparation au combat qui relève d’une « partiellisation » sinon d’une fétichisation de l’objet, présente à ce titre une aporie qu’il nous faut élucider. La majorité des compétiteurs assimilent ce préambule à un retour à la réalité. Ils quittent progressivement le milieu protégé, isolé du club. Entre le club et le ring, existent, comme pour la plongée sous-marine, des paliers de décompression. « On arrête l’entraînement quelques jours avant ». La date programmée du combat devient littéralement « obsédante ». « On ne pense plus qu’à ça ». A la future « rencontre avec un corps », selon le témoignage des habitués de la compétition, doit correspondre une éviction salutaire, prophylactique des affects, instruite par un quasi rituel de dé-symbolisation, un retour vers une sorte de primitivité psychique dont nous pouvons interroger la dimension « polysémique » et bisexuelle 99 ». Celle-ci s’illustre en particulier par l’attitude vis-à-vis de l’entourage et de son corollaire, la parole.

Lorsque les deux combattants passent, le jour fatidique, au pesage, la règle d’or, celle du silence, s’impose : « je ne veux pas savoir qui il est, ni connaître sa famille ». « On pèse et on dégage ». L’interdiction du propos, tabou, renvoie sans doute à ce que pouvait dire Sperber à propos du langage dans son étude reprise par la revue Imago de 1912 100. Les télévisions spécialisées dans ces événements sportifs hauts en couleur aiment à multiplier ces gros plans sur les fighters dans une posture figée, mutique, de face à face, visages à peine séparés par quelques dixièmes de millimètres. « Les mots sont bien les instruments les plus importants de l’influence qu’une personne cherche à exercer sur une autre 101 ». Entre le club et le ring s’instaure une rupture spatio-temporelle scénique et langagière qu’illustre la citation portugaise du directeur d’un club : « lutta do trena, no falla » : « le combat à l’entraînement, on n’en parle pas en public ».

Cette rigueur du protocole, préliminaires régressifs au combat, possède sa signification inconsciente, assimilée aux croyances primitives : « Dès que l’homme entreprend quelque chose de particulier : une expédition, une chasse, une guerre, il doit se tenir à l’écart de la femme et surtout des rapports sexuels avec elle 102 ». L’essence féminine de la verbalisation, de la projection et de la révélation des affects semble néfaste au « guerrier ». Y compris au sein des MMA. Non contente d’être superstitieuse 103, la sexualité masculine est toujours « peu ou prou fétichiste 104 ».

La recherche de la soumission finale dont l’antidote sur le ring repose sur la motilité ininterrompue des mouvements de captation et de désengagement, matérialise au niveau pulsionnel les incessants entrelacs du couple sadisme et masochisme : « la particularité la plus frappante réside dans le fait que sa forme active et sa forme passive sont régulièrement trouvées ensemble chez la même personne ». « Un sadique est toujours en même temps un masochiste 105 ». Le duel multidimensionnel – debout, couché, retourné – s’apparente à une sorte de « coït » dont Freud rappelle la nécessaire dimension sadique 106 : « les garçons la comparent à une lutte comme celle dont ils ont l’expérience dans les rapports entre enfants et dont n’est pas absent un supplément d’excitation sexuelle 107 ». Un « agresseur comme donateur 108 » en quelque sorte.

Aporie, affirmions-nous il y a un instant : s’il est censé, d’un côté, réintégrer la réalité, le combat fait franchir, d’un « autre », une sorte de « miroir » : l’enrôlement du corps à corps sur « l’autre scène » est total. Ce corps est littéralement « mis en jeu », avoue un compétiteur. Un body gambling sous forme d’outrage physiologique, une « fonction désobjectalisante 109 » par la désintrication, la dépossession délirante ou fantasmatique de son propre corps 110 : au cœur du combat, moment « où l’on donne tout », « on ne voit plus rien ». De l’aveu de ceux qui pratiquent à l’étranger les compétitions, les capacités perceptivo-sensorielles de la réalité environnante sont abolies, exclusivement reportées sur les seules manœuvres de l’autre. Contradiction ? Plutôt un double clivage qu’un auteur comme André Green éclaire par un « négatif tendu entre deux polarités extrêmes », une pulsion de mort bordée par deux « extrémités » : à sa « base, des motions pulsionnelles destructrices », à « son faîte, le masochisme moral 111 ». Mais l’idée même d’extrémités sied-elle encore à une pulsion dont l’essence s’inscrit dans la « déliaison », le hors limite ? Rompu aux compétitions, un jeune champion l’exemplifie d’un rêve récurrent : « je suis en mer, sur un minuscule rocher isolé et loin du rivage. Des requins nagent tout autour. Je me dis : si je reste sur ce rocher, la faim et la soif me tueront. Si je nage jusqu’au rivage, je serai dévoré par les squales. Dans les deux cas, je meurs. Je me réveille ». Dans notre argumentation sur l’objet partiel, nous avons mentionné la pulsion de voir. Au regard de l’autre, du public et, nous allons le constater, de soi-même, la soumission, l’échec du combat est stricto sensu « insupportable » : un pulsionnel, insistons-nous, dépourvu de liaison, dénué de soutien, privé de pare-excitation. Corps verrouillé, volonté cassée, abandon décisif : « on finit sur le dos », dit un entraîneur avec un certain mépris. « Sur le dos » stigmatise évidemment la position féminine. Une association : une patiente racontait un jour sur le divan que son père, plutôt âgé, avait l’habitude de commenter durement son geste de poser négligemment sur la table le pain à l’envers : « tu gagnes ton pain sur le dos ? » la réprimandait-il ? Au sein du club, lors de l’entraînement, la défaite ne porte pas à conséquence. Elle est « impensable », « très mal vécue », « angoissante » à l’issue d’un match public expliquent, étonnamment intarissables sur cette authentique « catastrophe », les sportifs concernés. Et de vivre une véritable « prostration », un « enfermement », une « dépression ». Le but des pulsions sexuelles de mort reste bien « la décharge pulsionnelle totale au prix de l’anéantissement de l’objet 112 ». La défaite est « mal vue avant d’être mal vécue » affirme un spécialiste. Au point de préférer le « KO » à la soumission volontaire : « l’inconscience du KO » évite de « voir sa soumission » et plus encore, de « regarder le public observant cette soumission ». Un « beau combat peut même en atténuer les effets ». Que pèse donc ce « regard extérieur » sinon celui qui porte les risques d’une défaillance, d’une impuissance sexuelle explicite ? La seule dont l’humain, comme le disent souvent avec « candeur » des patients allongés, ne serait pas « à la hauteur ». La dimension psychique excède celle, physique, dans les enjeux inconscients de cette soumission : peu importe les coups, les blessures, les cicatrices : un adepte des championnats à l’étranger consentit même à la fracture d’un bras pour continuer le combat plutôt que de se résigner à la sanction décisive, insultante, de l’arbitre. C’est dans le « mental » que la soumission occasionne le plus de dégâts : « plusieurs semaines, voire des mois pour s’en remettre ». La castration de cette jouissance mortifère est à ce prix. Une castration, décompensée par ce retour au principe de réalité, et doublée d’une culpabilité, d’une ambivalence sans doute liée à la bisexualité : dans ce processus de « fusion absorption » de l’adversaire, n’existe-t-il pas un indicible espoir, enfoui au plus intime, que l’autre aussi ne vous soumette ? 113

Si les Mixed Martial Arts apportent, selon nous, une confirmation explicite de l’existence de cette pulsion sexuelle de mort, la plus déliée, la plus archaïque des énergies, type même des « objets sources » selon le Pr Laplanche, ils rendent tout autant compte de cette « inconciliabilité absolue, interne, de la pulsion » : ces sensibilités humaines et psychiques contrastent radicalement avec la masse corporelle et musculaire indispensables pour cette pratique sportive de l’extrême. Mécanisme interne de défense, mise à l’épreuve, supplice autopunitif, tous censés endiguer, pour mieux la reconnaître, sinon la cerner, la mystérieuse déferlante énergétique. Finalement, lorsqu’ils combattent « avec 114 » l’autre, les athlètes des Mixed Martial Arts ne le font-ils pas « contre » un autre en eux-mêmes ?

Notes

  1. Nous exprimons ici nos remerciements aux différents « praticiens » des MMA rencontrés sur Nice et Monaco pour la qualité de leur accueil et les nombreux entretiens informels auxquels ils ont accepté de se livrer lors de leurs entraînements. Et, en particulier, au Commandant Philippe Rebaudengo, Chef de corps des carabiniers du Prince de Monaco.
  2. Nous n’entendons pas aborder ici la problématique, soulevée par d’éminents auteurs, d’une dérive de la psychanalyse lorsqu’elle s’applique « hors la cure ». Voir à ce sujet F. Roustang, Un destin si funeste, Editions de Minuit, 1976. Et le commentaire à ce sujet de J. Laplanche, Problématiques V, Le baquet, Transcendance du transfert, PUF, 1998, pp. 11-12.
  3. G. Deleuze, Présentation de Sacher-Masoch, Paris, Minuit, 1967.
  4. D. Le Breton, Anthropologie de la douleur, Editions Métailié, 1995.
  5. D. Le Breton, Expériences de la douleur, Entre destruction et renaissance, Métailié, Coll. « Traversées », 2010, pp. 157-203.
  6. Ibid., p. 161
  7. Ibid., p. 161
  8. Ibid., p. 161
  9. Le Coq Héron, n°83, Editions Erès, 1982.
  10. Un « certain degré d’indétermination » dans la méthodologie freudienne, évoqué par Jean Laplanche, Nouveaux fondements pour la psychanalyse, Coll. « Quadrige », PUF, 1987, p.8 et Amine Azar, Freud et la Science, L’Exigence freudienne, Bibliothèque improbable du Pinacle, Beyrouth, 2012, pp. 31-77.
  11. Ces affirmations sont moins « psychologisantes » qu’il n’y paraît : elles revêtiront toute leur portée analytique au moment d’étudier les diverses facettes du registre pulsionnel.
  12. Avec les dangers inhérents d’une « gouroutisation », selon certains praticiens, de ce sport extrême.
  13. L’auteur de ces lignes. Cette intrusion en rappelle sans doute d’autres, plus infantiles et, peut-être, à la source même du choix en faveur des MMA.
  14. J. Laplanche, Problématiques II, Castration et symbolisation, PUF, Coll. « Quadrige », 2009, p. 176 et J. Laplanche, Problématiques I, L’angoisse, PUF, Coll. « Quadrige », 2006, p. 37. Au sens aussi d’une « déliaison » (Die Entbindung), concept dont nous mesurerons par la suite toute l’importance.
  15. G. Mendel, De Faust à Ubu, L’invention de l’individu, De l’Aube, 1998 et G. Mendel, Une histoire de l’autorité, Permanences et variations, La Découverte, 2002.
  16. L’auteur de ces lignes se souvient d’une conversation en avion avec son voisin de siège, jeune soldat américain des Forces spéciales en Iraq rejoignant l’Ambassade américaine au Liban et admettant à propos de ses compagnons d’opérations commandos : « ils me manquent ». Expression d’un sentiment de vacuité après celle d’une plénitude, illusoirement structurante face à la poussée constante de la pulsion, du risque ultime.
  17. S. Freud, Totem et Tabou, Quelques concordances dans la vie d’âme des sauvages et des névrosés, OCF, Vol. XI, Paris, PUF, 1998, rééd. 2005, pp. 189-385.
  18. J.-L. Vannier, « Star Wars au risque de la psychanalyse, entre l’absolu féminin de la psychose et la construction sexuée du sujet », in Cinéma et psychanalyse, Le Coq Héron, n° 211, Erès, 2012. pp. 156-163.
  19. Nous ne pouvons pas manquer d’y associer librement le phénomène de « dépendance » des personnes aux tatouages qui « envahissent » progressivement l’ensemble de leur surface corporelle après une première expérience. Voir J.-L. Vannier, « Tatouages et Piercings à l’adolescence, la marque de leur histoire », in Femmes Infos, Revue mensuelle, Nice, Février 2007.
  20. J. Laplanche, Le Primat de l’autre en psychanalyse, Champs Flammarion, 1997, p.234.
  21. S. Freud, La vie sexuelle, PUF, 2011, p. 1
  22. J. Laplanche, Le Primat de l’autre en psychanalyse, op. cit., p. 381
  23. La formule exacte de J. Laplanche dans son introduction intitulée « Ponctuation » est : « c’est que le primat du sexuel ouvre directement sur la question de l’autre ». J. Laplanche, op. cit., introduction XV.
  24. Nous retrouvons encore, sous une forme plus originaire, la question évoquée précédemment de « l’intrusion de l’étranger » dans le club des MMA.
  25. J. Laplanche, Problématiques I, L’angoisse, PUF, 2006, p. 60.
  26. J. Laplanche, Problématiques I, L’angoisse, PUF, 2006, p. 60.
  27. D’où l’intérêt de « spéculer » sur la réplique d’un surgissement de ce « corps étranger interne », somatique cette fois-ci, au moment du cataclysme pubertaire. Voir J.-L. Vannier, « L’involontaire psychique du Projet Personnel et Professionnel », in Management de l’évaluation et communicationRevue Communication & Organisation, n° 38, Bordeaux, PUF, 2010. pp. 183-192.
  28. J. Laplanche, Le primat de l’autre en psychanalyse, op. cit., p. 452.
  29. Ibid., p. 110
  30. Opposition caractérologique définie par M. Balint et citée par J. Laplanche, in Le primat de l’autre, op. cit., p. 176. Intéressant de constater que cette notion est introduite dans le chapitre de son ouvrage intitulé « Réparation et rétribution pénale ».
  31. J. Laplanche, Le primat de l’autre en psychanalyse, op. cit., introduction XXXV
  32. J Laplanche, Problématiques II, Castration et symbolisations, PUF, 2009, p. 63.
  33. Mentionnons pour mémoire une intéressante discussion à ce sujet avec Stefano Bolognini, Président de l’International Psychoanalytic Association, lors d’un séminaire à l’Université de psychanalyse Internationale de Berlin le 26 juillet 2013. Ce dernier insistait notamment sur « l’utilité technique, dans la cure, de ce concept, en termes de représentations ». Nous renvoyons pour notre part le lecteur aux commentaires de J. Laplanche lequel craint, avec cette notion de « self », un drainage du moi vers l’adaptatif : « Le moi et le soi », in Le Primat de l’autre, op. cit., pp. 131-133.
  34. Voir IIIème partie.
  35. S. Freud, Au-delà du principe de plaisir, OCF, vol. XV, Paris, PUF, 1996, pp. 273-338.
  36. Une illustration supplémentaire de notre prétention clinique : rencontré dans un avion, ce sportif de haut niveau originaire de Hambourg s’est systématiquement déplacé pour rencontrer l’auteur de ces lignes, lors de ses visites à l’Institut International de Psychanalyse à Berlin. Le « parvis » de son analyse…
  37. S. Freud, Trois essais sur la théorie de la sexualité, traduction inédite de Marc Géraud, Points Essais, 2012, p. 131.
  38. Ibid., p. 129.
  39. Ibid., p. 158.
  40. Ibid., p. 160.
  41. Ibid., p. 161.
  42. S. Freud, Les premiers psychanalystes, Minutes de la société psychanalytique de Vienne, III, Séance du 3 mai 1911, Gallimard, NRF, 1979, p.245.
  43. Ibid., p. 161.
  44. S. Freud, Trois essais sur la théorie de la sexualité, op. cit., p. 107.
  45. S. Freud, « Pour introduire le narcissisme », in La vie sexuelle, p.90.
  46. J Laplanche, Problématiques II, Castration et symbolisation, PUF, 2009, p.24
  47. I. Sadger, « Haut-Schleimhaut und Muskelerotik », Jahrbuch für psychoanalytische Forschungen, cité par Karl Abraham, L’angoisse locomotrice et son aspect constitutionnel, Oeuvres complètes, I, 1907-1914, Payot, 2000, pp. 285-296.
  48. S. Freud, Esquisse d’une psychologie, Entwurf einer Psychologie, Erès, Coll. « Scripta, Ecole de psychanalyse Sigmund Freud », 2011, pp. 61-63
  49. J. Laplanche, Vie et mort en psychanalyse, Champs Flammarion, 2001, pp. 126-127. Voir aussi J. Laplanche, Problématiques I, L’Angoisse, PUF, p. 190.
  50. J. Laplanche, Problématiques I, op. cit., p. 227.
  51. S. Freud, Esquisse d’une psychologie, op. cit., p. 61.
  52. J. Laplanche, Problématiques I, op. cit., p. 311.
  53. S. Freud, Trois essais sur la théorie de la sexualité, op. cit., p. 158.
  54. S. Freud, Esquisse d’une psychologie, op. cit., p.59.
  55. D. Anzieu, L’auto-analyse de Freud et la découverte de la psychanalyse, Tome 2, PUF, Coll. « Bibliothèque de la psychanalyse », 1975, p.587.
  56. « Effet marginal », selon la traduction du Pr Laplanche, in Vie et mort en psychanalyse, op. cit., p. 38. Nous opterions bien, dans un esprit de conciliation, pour « collatéral » dont le registre moderne – les dégâts collatéraux – ne renie pas les métaphores souvent militaires du vocabulaire freudien de l’époque.
  57. S. Freud, Trois essais sur la théorie de la sexualité, op. cit., p. 163. La phrase est reprise quasi intégralement dans S. Freud, « Le problème économique du masochisme », in Du Masochisme, Traduction inédite de Cédric Cohen Skalli, 2011, p. 172.
  58. S. Freud, « Pulsions et Destins des pulsions », in Métapsychologies, 2010, pp. 11-43. Et S. Freud, « Le problème économique du masochisme », in Du Masochisme, op. cit., p. 167-168.
  59. J. Laplanche, Vie et mort en psychanalyse, op. cit., p. 140. Nous apportons toutefois un éclairage que nous devons aimablement aux remarques sur notre étude de Christophe ejours, en charge de la Fondation Jean Laplanche : « Laplanche était opposé à l’idée du Miterregung et en cela s’écartait de Freud et de son texte sur le problème économique du masochisme. Cette notion, comme l’étayage, renvoie à une conception endogène et Ptoléméïque du sexual ». Représentant le courant laplanchien à Berlin, le psychanalyste Udo Hock précise quant à lui : « c’est une question que nous avons beaucoup discutée ». Relevons qu’entre « Vie et mort en psychanalyse publié en 1970 et ses « Nouveaux fondements pour la psychanalyse » de 1987, le Pr Jean Laplanche a témoigné d’une notable évolution en la matière.
  60. A. Azar, « L’Autre Jouisseur », Bulletin Ashtarout n° 2013-1214, p.4.
  61. S. Freud, Esquisse d’une psychologie, op. cit., pp. 11-105.
  62. S. Freud, « Pulsions et Destins des pulsions », in Métapsychologies, op. cit., p. 27 et J. Laplanche, Vie et mort en psychanalyse, op. cit., p. 138.
  63. Par rapport à la définition de l’excitation comme déplaisir et de la décharge comme source de satisfaction
  64. Notons au passage la remarque du Pr Laplanche sur la différence chez Freud entre Reiz et Erregung à propos du concept d’excitation. J. Laplanche, Nouveaux fondements pour la psychanalyse, PUF, 2008, p. 9.
  65. S. Freud, « Le problème économique du masochisme », OCF, XVII, PUF, 1992, p. 12
  66. S. Freud, « Le problème économique du masochisme », in Du Masochisme, op. cit., p. 167.
  67. J. Laplanche, Sexual, La sexualité élargie au sens freudien, PUF, 2007, p. 19.
  68. Ibid., p. 136.
  69. S. Freud, « Le Problème économique du masochisme », in Du Masochisme, op. cit., p. 172
  70. S. Freud, Au-delà du principe de plaisir, OCF, vol. XV, Paris, PUF, 1996, pp. 273-338.
  71. J.Laplanche, Vie et mort en psychanalyse, op. cit., p. 160.
  72. R. Dadoun, Puissances du masochisme, Editions Manucius, Lieux d’utopie, 2011. pp. 23-25.
  73. S. Freud, Le Problème économique du masochisme, OCF, vol. XVII, Paris, PUF, 1992. pp. 9-23 et J. Laplanche, Vie et mort en psychanalyse, op. cit., p. 147.
  74. J. Laplanche, Le primat de l’autre en psychanalyse, op. cit., p. 55.
  75. S. Freud, « Pulsions et Destins des pulsions », in Métapsychologies, op. cit., p.27.
  76. Ce qui définit « l’étayage dans son double mouvement d’appui puis de détachement, de déviation » in J. Laplanche, Vie et mort en psychanalyse, op. cit., p38 et J. Laplanche, Le primat de l’autre en psychanalyse, op. cit., p. 43.
  77. J. Laplanche, Vie et mort en psychanalyse, op. cit., p. 139
  78. A la « lier » pour filer la métaphore pulsionnelle freudienne.
  79. Nous soulignons.
  80. S. Freud, « Le Problème économique du masochisme », in Du Masochisme, op. cit., p. 173.
  81. J. Laplanche, Le primat de l’autre en psychanalyse, op. cit., p. 47.
  82. S. Freud, « Le problème économique du masochisme », in Du Masochisme, op. cit., p. 173.
  83. S. Freud, « Pulsions et Destins des pulsions », in Métapsychologies, op. cit., p. 23.
  84. Ibid., p. 23.
  85. Ibid., p. 27.
  86. S. Freud, Trois essais sur la théorie de la sexualité, op. cit., p. 90.
  87. J. Laplanche, Vie et mort en psychanalyse, op. cit., p. 165.
  88. R. J. Stoller, « L’excitation sexuelle et les secrets », in Du secretNouvelle Revue de Psychanalyse, n°14, automne 1976, Gallimard, p. 163.
  89. P. Sloterdijk, Colère et temps, Hachette Littératures, p. 82. Nous soulignons.
  90. S. Freud, « Pulsions et Destins des pulsions », in Métapsychologies, op. cit., p. 28.
  91. S. Freud, « La psychologie de la vie amoureuse », in La vie sexuelle, PUF, 2011, p. 64.
  92. J. Laplanche, Vie et mort en psychanalyse, op. cit, p. 163.
  93. J. Laplanche, Nouveaux fondements pour la psychanalyse, op. cit., p. 71.
  94. J-C. Maleval, Criminologie et psychiatrie, Paris, Ellipses, 1997.
  95. J. Laplanche, Problématiques I, op. cit., p. 261.
  96. J. Laplanche, Le primat de l’autre en psychanalyse, op. cit., p. 105.
  97. J. Laplanche, Nouveaux fondements pour la psychanalyse, op. cit., p. 144.
  98. P. Sloterdijk, op cit., p. 83.
  99. J. Laplanche, Problématiques II, Castration et symbolisations, op. cit., p. 245 et p. 248.
  100. H. Sperber, « Über den Einfluss sexueller Momente auf Entstehung und Entwicklung der Sprache » (« De l’influence des facteurs sexuels sur l’apparition et le développement du langage ») cité par J. Laplanche, Le primat de l’autre en psychanalyse, op. cit., p. 108.
  101. S. Freud, « Traitement psychique », in Résultats, Idées, Problèmes I, PUF, 1984, p. 12.
  102. S. Freud, « La psychologie de la vie amoureuse », in La Vie sexuelle, op. cit., p. 71. L’imposante distribution de préservatifs dans le carré des athlètes lors des jeux olympiques de Londres en 2012 pourrait, sous cet angle, fournir un intéressant sujet de réflexions.
  103. J.-L. Vannier, « A propos du satanisme et de la sorcière », in Malaise dans la culture libérale, Revue Le Coq Héron, n° 183, Erès, 2005. pp. 122-128.
  104. C. Rabant, La frénésie des pères, Hermann, Coll. « Psychanalyse », 2012, p. 86.
  105. S. Freud, Trois essais sur la théorie de la sexualité, op. cit., pp. 92-93.
  106. Ibid., p. 90.
  107. S. Freud, « Les théories sexuelles infantiles », in La vie sexuelle, PUF, 2011, p. 22
  108. P. Sloterdijk, op. cit. p. 81.
  109. A. Green, Le travail du négatif, Editions de Minuit, 2011, p. 122.
  110. Alors que la psychanalyse vise, notamment en cas de traumatisme infantile, à permettre au patient une « réappropriation » physique et psychique de son corps. Dans ce contexte, le « body gambling » d’un patient en analyse, la mise en danger de son corps, doit être tenu pour le paradigme d’un « acting out ».
  111. A. Green, Le travail du négatif, op. cit., p. 91.
  112. J. Laplanche, Le primat de l’autre en psychanalyse, op. cit., p. 284. André Green parle, quant à lui, de « néantisation ».
  113. Ibid., p. 11.
  114. Un adepte confirmé des MMA insiste sur l’emploi de cette préposition

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