Dans les multiples voies qui s’offrent à nous pour aborder la question des séparations, qu’elles relèvent d’une catastrophe ou qu’elles assurent une victoire, j’ai choisi celle qui part de l’angoisse pour stigmatiser en quelque sorte la part commune qui peut en constituer l’un des soubassements, en termes d’affects, avant même que ceux-ci soient connectés avec des représentations.
Consubstantialité de l’angoisse et de la séparation
La consubstantialité entre l’angoisse et la séparation s’impose déjà dans les différentes « formes » d’angoisses repérées dans la clinique de la psychanalyse et dans leurs correspondances théoriques : angoisse de castration, angoisse de perdre l’amour de la part de l’objet, angoisse d’anéantissement. Sans se fourvoyer dans les excès de résonances psychopathologiques ou psychogénétiques, il faut bien admettre que chacune de ces formes relève d’une opération de séparation : la castration appelle un double renoncement - à la bisexualité et à la réalisation des désirs œdipiens -, la perte d’amour convoque l’absence voire la disparition de l’objet aimé, l’anéantissement sombre dans l’évanouissement du sentiment d’exister... Il s’agit, chaque fois, de se séparer : de la croyance en une toute-puissance illusoire, de ses premiers objets d’amour, de soi-même, et même de la vie.
Ce repérage peut aisément s’établir à partir de Freud, mais, curieusement, la liste des angoisses liées à la séparation augmente avec le temps, depuis les débuts de la psychanalyse. Le traumatisme de la naissance (O. Rank, 1924) signale le premier arrachement au ventre maternel et l’arrivée dans un monde sauvage et inconnu. Les processus de « séparation-individuation » développés par Margaret Mahler (1975) soulignent la contribution féconde de la séparation à la construction identitaire… Quant aux nouveaux travaux sur les différentes périodes de la vie, ils mettent tous l’accent sur…
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