Ravages de la séparation chez Marguerite Duras
Dossier

Ravages de la séparation chez Marguerite Duras

« J’ai commencé à souffrir de la séparation avec toi. Je deviens fou... je ne peux pas te séparer, c’est impossible et je vais le faire, je le sais...1 ». Les mots de l’amant disent la catastrophe d’un arrachement à l’autre dont aucun des deux ne réchappera. Chronique d’une séparation aussi impossible qu’inéluctable, l’histoire d’amour entre la jeune fille blanche de Saïgon et l’amant chinois de Cholen se réécrit de multiples fois dans l’œuvre de Marguerite Duras, formant ce qu’il est convenu d’appeler « le cycle du barrage ». Dans les Cahiers de la guerre, recueil non publié de son vivant qui rassemble ses premiers écrits, Marguerite Duras fait le récit de son adolescence au Vietnam et de sa rencontre avec Léo, un chinois qui la dégoûte mais avec qui elle envisage néanmoins de se marier. En 1950, dans Un barage contre le Pacifique, le chinois est devenu Mr Jo, soupirant qui poursuit Suzanne et qu’elle éconduit finalement. En 1977, presque trente ans plus tard, avec Eden cinéma, elle adapte au théâtre le Barrage. En 1984, elle publie et obtient le prix Goncourt pour L’Amant, nouvelle version de son adolescence qui se centre sur l’histoire d’amour entre elle et le chinois en la renouvelant profondément. Dix ans plus tard, elle livre dans L’Amant de la Chine du Nord l’ultime réécriture d’un motif romanesque qui l’aura obsédé toute sa vie durant.

Dans le cycle du Barrage, la séparation n’est pas seulement un thème, même récurrent, même central, c’est l’enjeu même de l’écriture. Elle vectorise l’ensemble des textes, au point de faire du récit de son adolescence le récit de toutes les séparations : séparation de la jeune fille et de l’amant, mais aussi séparation du monde de l’enfance et de l’adolescence, séparation d’avec la famille nucléaire formée…

Déjà abonné ?

Mot de passe oublié

Les abonnements Carnet Psy

Accédez à tous les contenus Carnet Psy en illimité.
Découvrir nos formules
dossier
12 articles
Les séparations