Nous connaissons tous les statistiques sur les dégâts causés par l’alcool : les blessés, les morts sur la route, l’absentéisme au travail, les maladies physiques et psychiatriques, les suicides, les incarcérations, sans oublier les cassures et la maltraitance dans les cellules familiales... Et sans oublier la souffrance vécue par le malade alcoolique et par son entourage.
Il n’existe pas un même schéma thérapeutique pour tous les malades. Chaque patient est différent : son histoire, son enfance, sa personnalité, ses difficultés de vie professionnelle, familiale, relationnelle. La relation à l’alcool est différente pour chacun : alcool plaisir, alcool médicament, alcool suicide, alcool défonce, alcool pris avec d’autres drogues… Les patients ont en commun une dépendance, une aliénation à l’alcool, quotidienne ou épisodique, un mal de vivre qui se caractérise par l’angoisse, la solitude, le déni et la culpabilité. Pour chacun le parcours est de plus en plus cruel; comme le disait le Docteur Roth : « L’alcool est comme un usurier : au départ il rend beaucoup de service, pour après le faire payer très cher ».
Mon expérience à l’hôpital de Saint-Cloud comme médecin alcoologue, me place chaque jour en face de cette problématique : comment aider le patient à sortir de son enfermement et l’aider à accepter « d’être malade alcoolique ». Pour cela, j’ai vite pris conscience que la relation médecin-malade n’était pas suffisante. L’impact positif de l’expérience d’un autre malade alcoolique rétabli auprès de celui qui est encore dans l’alcool se démontre par un changement qui peut être parfois immédiat: le patient parvient à s’identifier à celui qui s’en est sorti et ne refuse plus l’aide qui lui est proposée. C’est pour cette raison que j’ai toujours trouvé efficace de proposer aux patients de fréquenter les groupes néphalistes, sans oublier qu’il est…