Narcisse polyérotique
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Narcisse polyérotique

Le bébé ignore la foule, car il est une foule à lui tout seul, il ignore le monde parce qu’il est à lui-même le monde entier, il ignore la sexualité car elle est pour lui comme l’air qu’il respire.

L’adolescent à l’inverse se retrouve seul et plongé dans la foule, il la constate et constate le monde sur lequel il n’a guère de prise, sa sexualité - qu’il avait réussi à oublier en lui trouvant des voies sublimatoires et en refoulant les représentations dont le surgissement l’aurait agité - sa sexualité, feu qui couvait sous la cendre de la latence, se met à flamber, polymorphe, inextinguible et qu’il faut pourtant domestiquer, dont il faut bien enfin faire quelque chose. Alors que le bébé avait en matière de sexualité précoce une partenaire avisée et secourable en la personne de sa mère laquelle modelait sa sexualité autour de chaque foyer érogène - ni trop ni trop peu séductrice -, l’adolescent est laissé seul par le destin en face de la résurgence d’une sexualité, mais celle-ci amplifiée, sans équivalent jusque-là. Laissé seul aussi du fait du salutaire dégoût qui s’empare des parents devant un enfant dont la maturité sexuelle physique les dérange. La mère ne sera plus l’initiatrice qu’elle a été jadis, et fasse le ciel que le père ne se mêle pas d’initier sa fille.

L’adolescent est seul, habité par la foule de ses pulsions, face à lui-même et en face de la foule des partenaires possibles. Bébé il avait élaboré des pulsions partielles autour de chacune de ses zones érogènes et bâti un objet d’amour autour de sa mère. Aujourd’hui qu’il est adolescent; ce que Freud nommait sa perversion polymorphe, son bouquet de pulsions partielles adressées…

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15 articles
Sexe, sexuel, sexualités