Emprise… vous avez dit « emprise » ?
Dans un Que sais-je ? la thérapeute Anne-Laure Buffet (2023, p. 15) définit ainsi l’emprise : « L’emprise est à la fois un abus de confiance, une manipulation, un harcèlement et une maltraitance ». À quoi il faut ajouter les dimensions de domination, de réification et d’infantilisation de la victime, prise dans une relation « mortifère » imprégnée de « violence psychologique ». Anne-Laure Buffet donne alors les visées de ces menées : « L’emprise, usant de la violence sous plusieurs formes pour établir un ordre nouveau et supprimer l’existant, est un terrorisme psychique et physique visant un individu ou un groupe d’individus avec intention de le soumettre, de le contrôler et, si nécessaire, de le détruire » (ibid., p. 16). L’auteure désigne l’auteur de l’emprise du terme de « tyran », les autres protagonistes formant la longue cohorte de ses victimes.
Nous allons ici montrer que les choses sont plus nuancées et complexes. S’il existe certainement des situations d’emprise qui impliquent une telle figure tyrannique, celle-ci n’est pas un prérequis pour qu’il y ait emprise, comme nous allons le voir avec le cas qui va ici nous intéresser.
Une forme d’emprise sans tyran ?
À l’Assemblée nationale, le 11 avril 2024, Arthur Delaporte, porte-parole des socialistes, s’est inquiété de certains phénomènes sectaires se produisant en ligne :
« Je pense, par exemple, […] au cas d’Ophénya avec ses 5 millions d’abonnés sur TikTok, dont on me signale régulièrement l’emprise qu’elle peut avoir sur sa communauté très jeune. Des collégiennes, des collégiens, des femmes, des « BGnya » qui peuvent avoir des comportements dévastateurs pour l’estime et la confiance de soi : dons de cadeaux sur TikTok ; présence compulsive sur les réseaux sociaux de l’influenceuse,…