La masturbation est une chose, le statut socioculturel de celle-ci en est une autre et sa fonction au sein de la sexualité encore une autre. Philippe Brenot, psychiatre, anthropologue et directeur d’enseignement à l’Université Paris Cité nous offre aujourd’hui une réflexion bienvenue sur la place naturelle et nécessaire de la masturbation au sein de la sexualité.
Cet excellent petit ouvrage récemment paru (mars 2024) me semble à mettre dans toutes les mains (si j’ose m’exprimer ainsi compte tenu de la thématique !) tant il est intéressant, documenté et juste. La plus grande partie de l’ouvrage consiste en un panorama historique passionnant de cette problématique qui agite les esprits (et les corps !) depuis longtemps déjà… Je ne le résumerai évidemment pas ici pour laisser au lecteur le plaisir de le découvrir mais j’en soulignerai seulement quelques points.
Partant du xviiie siècle, l’auteur montre l’impact de deux textes clés : l’Onania de John Marten (1710) et l’essai sur les maladies produites par la masturbation de Samuel Tissot (1758), qui inaugurèrent deux siècles d’obscurantisme sur le sujet. Brenot distingue également masturbation et onanisme, ce dernier renvoyant en réalité à une forme de coït interrompu lié à des questions de filiation dans la Genèse. Cette confusion sémantique souligne le poids du symbolique et des tabous religieux qui ont marqué l’histoire de la masturbation.
Quatre chapitres (« Histoire de sexe », « Le don du sperme », « Les médecins de l’amour » et « La beauté du geste ») précèdent la dernière partie de l’ouvrage, plus brève, intitulée : « Atelier pratique : la masturbation, ça s’apprend ! ». Dans ces quatre premiers chapitres extrêmement bien écrits, on découvre toute une série de données historiques absolument passionnantes.
La condamnation de la masturbation s’est…
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