Place et fonctions de la dépression
Dossier

Place et fonctions de la dépression

« Une fois la tempête passée, tu te demanderas comment tu as fait pour la traverser, comment tu as fait pour survivre. Tu ne seras pas très sûr, en fait, qu’elle soit vraiment achevée. Mais sois certain d’une chose : une fois que tu auras essuyé cette tempête, tu ne seras plus le même. Tel est le sens de cette tempête »

Haruki Murakami, Kafka sur le rivage

Le terme de « dépression » est devenu un mot-valise en psychopathologie. Quiconque traverse une période difficile de mal-être, de tristesse, ou d’abattement, on dit de lui qu’il fait une dépression. Par ailleurs la médicalisation et la psychiatrisation du mal-être font que toute personne traversant, à la suite d’un évènement de vie douloureux, d’un deuil, de la perte d’un être cher, d’un changement de situation dans la vie… toute personne déprimée se voit prescrire des antidépresseurs par son généraliste. Il en résulte un empêchement de ce travail de deuil si important en psychanalyse, pour avancer, élaborer et travailler psychiquement l’épreuve de souffrance imposée au psychisme par la réalité interne ou externe. La perte et le manque ne peuvent plus être éprouvés, la dépression qui s’y associe, source de créativité et de changement, n’a plus sa place, pourtant si essentielle dans le psychisme humain.

En d’autres termes, la dépression est ce que l’on pourrait appeler une manifestation normale de l’humain, non nécessairement pathologique, qui qualifie tout à la fois des symptômes, des conduites, ou des états pathologiques. Ainsi on peut être triste sans être déprimé, être déprimé sans être dépressif.

Retenons que la dépression en psychanalyse est très intimement liée à la perte d’objet et à la place qu’occupe l’objet pour le sujet, dont l’investissement narcissique de…

Déjà abonné ?

Mot de passe oublié

Les abonnements Carnet Psy

Accédez à tous les contenus Carnet Psy en illimité.
Découvrir nos formules
dossier
8 articles
Dépression et dépressivité