Comme « phobie scolaire » ou « santé mentale », « harcèlement » fait partie de ces mots qui, selon la formule de Paul Valéry, ont plus de valeur que de sens, chantent plus qu’ils ne parlent, et soulèvent davantage de polémiques qu’ils ne suscitent d’analyse. C’est sans doute la raison pour laquelle la rédaction du Carnet Psy a longtemps hésité à s’aventurer sur ce terrain potentiellement glissant, malgré l’ampleur d’un phénomène – sensiblement accéléré par l’essor des réseaux sociaux – qui touche tous les âges et les espaces de la vie relationnelle notamment l’école, le travail ou le lien amoureux.
Une autre difficulté, découlant directement de la première, tient probablement au fait que la question du harcèlement se situe à l’intersection de la vie psychique individuelle et du phénomène de société dans laquelle il émerge. Alors, en ce milieu de page où se croisent l’écoute du sujet et l’attention portée à la collectivité, comment penser la question du harcèlement en maintenant notre préoccupation pour la psychopathologie et la complexité de la vie fantasmatique ? Les auteurs réunis dans ce dossier par Blandine Ollier ont tous accepté de relever le « gant » d’un questionnement subtil et équilibré susceptible d’embrasser simultanément les logiques intersubjectives et intrasubjectives à l’œuvre dans le déploiement d’un harcèlement.
Les spectateurs de la série Adolescence diffusée sur Netflix en 2025 s’en souviennent : dans l’épisode 3 du feuilleton, Jamie, adolescent accusé du meurtre d’une camarade, rencontre une psychologue en prison. Dans l’une des scènes les plus saisissantes de la série, on comprend que le harcèlement subi ne se déroule pas seulement dans la vie scolaire de ce garçon de 13 ans, mais en premier lieu dans son monde interne, par l’excitation que suscite en lui la proximité avec une femme. Et telle…
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