« L’attention a été attirée, dans ces dernières années, sur un symptôme fréquent et encore peu étudié des névroses et des psychoses : l’anxiété ou l’angoisse ».
C’est ainsi que commence le rapport de Gaston Lalanne au 12e Congrès des médecins aliénistes et neurologistes de France, qui se tient à Grenoble du 1er au 7 août 1902 (Lalanne, 1902, p. 1). On reste songeur : ainsi, l’anxiété et l’angoisse n’ont pu attirer l’attention que « ces dernières années » ? Alors qu’on est déjà au début du XXe siècle ?
Pourtant c’est tout à fait exact. Aussi bien l’un que l’autre de ces deux termes sont rarement mentionnés dans les très nombreux manuels de psychiatrie qui jalonnent le XIXe siècle, français ou allemands. Jamais avant Freud et Janet, à la fin de ce siècle, ils ne se verront proposer la place centrale que ces deux auteurs vont leur accorder. Il existe bien une bonne description clinique du syndrome anxieux, et notamment de la crise d’angoisse, datant de 1873. Mais son auteur est un laryngologiste d’origine hongroise, Maurice Krishaber, et le syndrome qu’il décrit, il l’appelle « névropathie cérébro-cardiaque » !
La première fois qu’une entité clinique voit le jour sous l’appellation de « névrose d’angoisse » est due à Freud (1895b) qui propose en 1895 de séparer de la « neurasthénie », notion très utilisée à la fin du XIXe siècle, un syndrome sous le nom de « névrose d’angoisse ». Il en fournit une description symptomatique à laquelle il n’y aurait rien à ajouter aujourd’hui, plus d’un siècle plus tard – et alors même que la crise d’angoisse s’appelle désormais, dans la terminologie psychiatrique, « attaque de panique ». Détail assez intéressant : cette description se fait dans le cadre des recherches de Freud relatives à l’influence de la sexualité sur les…