Pour le « Paroles de clinicien » de ce mois-ci, je vais vous conter l’histoire d’un adolescent, diagnostiqué Asperger il y a quelques années (nous dirions troubles du spectre autistique aujourd’hui). Certaines rencontres humaines viennent nous bousculer, voire nous bouleverser et nous enseigner un autre regard sur le métier, nous invitant à nous départir de ce que l’on sait, pour (re)-découvrir autrement ce que l’on pensait connaître. C’est l’histoire d’une de ces rencontres dont il s’agit. Ce jeune, je l’ai reçu en psychothérapie psychanalytique suite à son arrivée en France après une histoire migratoire traumatique et en lien avec l’émergence de sentiments de persécution qui tendaient à l’envahir. M’appuyer sur cette clinique psychothérapique me permet ici de partager des éléments cliniques réflexifs et différentiels pour penser les sentiments de persécution, entre fonctionnement psychotique et fonctionnement autistique. Se traduisent-ils de manière similaire en séance ? Se pensent-ils, s’entendent-ils et surtout se traitent-ils de la même manière ?
La rencontre avec Okalhm et sa maman : Premières orientations et bilans
Okalhm. Ce choix de prénom anonymisé n’a pas été évident. Rendre compte de la nature atypique de son vrai prénom (que je n’ai jamais rencontré à nouveau) et de sa connotation sonore particulière a été difficile. Okalhm rend hommage à son prénom d’origine et à son incroyable calme, son attitude posée dont il ne se sera jamais départi en séance, quasiment en miroir de l’agitation et de l’urgence que son histoire de vie transpire et qui pourtant, ne semblait pas le traverser plus que cela.
À leur arrivée en France et au début de leur accueil et prise en charge en Centre médico-psychologique, Okalhm et sa maman sont reçus par une de mes collègues. Sa…