Séduction généralisée ? L’intitulé de ce moment du colloque fait explicitement référence à l’œuvre de Jean Laplanche. La mort de celui-ci au mois de juin dernier transforme cette référence en un inévitable hommage. Tout en conservant le fil initialement prévu de mon propos, je vais m’efforcer de poursuivre avec lui un dialogue dont les débuts remontent aux années 80. Le moment culminant de mon dialogue avec Jean Laplanche a consisté en une réflexion sur la sexualité féminine qui m’a conduit à formuler une hypothèse, celle d’une féminité primitive qui serait comme la première transcription, première traduction de la position passive originaire de l’enfant vis-à-vis des intrusions de l’inconscient adulte, un inconscient qui mêle les gestes de sexe et d’amour aux gestes de soins. Mon propos aujourd’hui concernera de façon privilégiée la sexualité des hommes et la lecture renouvelée qu’en permettent les changements culturels et l’expérience psychanalytique actuelle.
Charles, un jeune homme pas très éloigné de l’adolescence, fait ce constat : « Ce serait quand même plus facile si, de temps en temps, elles disaient : Oh non ! Oh non… ». Elles disaient « Non », elles disent « Oui », quand elles ne devancent pas l’appel et formulent le premier mot… Dans ces cas-là, ajoute Charles, « on se dit qu’il va falloir assurer sur l’érection ». Charles résume en quelques mots, dans un mélange d’humour et d’inquiétude, la nouvelle position sexuelle faite à l’homme par les bouleversements de l’époque. Les femmes ne sont plus ce qu’elles étaient, le temps où elles découvraient l’érection masculine lors de la nuit de noces a aujourd’hui des airs de préhistoire, quand bien même ce temps, celui des héroïnes de George Sand, n’a guère plus d’un siècle. À l’heure de la parité entre les sexes, la domination masculine a perdu de sa tranquillité, le machisme est…