Les assises de septembre sont passées et les décideurs sont contents d’eux : la santé mentale et la psychiatrie vont enfin pouvoir revivre à partir de nouvelles bases « fondamentales ». 800 postes en psychiatrie et des consultations grassement payées 30 euros de l’heure chez le psychologue, prescrites par le médecin, vont aider à changer radicalement les réponses aux souffrances psychiques qui ne cessent de croître dans un monde en pleine transformation. Ah, j’oubliais, un Institut de stimulation du cerveau va également être créé à Paris !
Après les accords de Ségur, plus proches des histoires de la comtesse que de réelles avancées concrètes, on attendait plus d’une grand-messe à laquelle devait participer le pape lui-même ! Mais foin de tout cela, le geste symbolique tant attendu n’a pas eu lieu, celui qui aurait consisté à rassembler toutes les composantes de la psychiatrie et à les « prier » de travailler ensemble dans une complémentarité intelligente de toutes leurs compétences pour enfin sauver la psychiatrie de ses démons habituels : les guerres idéologiques sans fins.
« Pourtant, qu’il s’agisse des neurosciences fondamentales, du neurodéveloppement, de la neuropsychopharmacologie, de l’épidémiologie, des sciences cliniques, des thérapies psychologiques, des sciences humaines et sociales, ou encore de la recherche infirmière, la France dispose de forces importantes, mais qui apparaissent trop dispersées et insuffisamment soutenues.1»
Cette déclaration rassembleuse est une indication parmi beaucoup d’autres du coefficient de duperie qui est à l’œuvre chez nos décideurs cyniques qui prétendent soutenir et rassembler, tout en laissant tomber les équipes de psychiatrie de terrain et en clivant les acteurs entre ceux qui représentent le bon avenir des neurosciences versus ceux qui cultivent le mauvais passé de la psychopathologie transférentielle.
Plaider l’articulation des pratiques cliniques et thérapeutiques sans en diaboliser aucune et soutenir la recherche dans tous les domaines concernés par la psychiatrie aurait constitué la principale avancée pour une psychiatrie qui va continuer de s’effondrer en attendant le grand soir des neurosciences.
Encore une occasion manquée…
Note
1 Une ambition refondée pour la santé mentale et la psychiatrie, rapport de synthèse des assises septembre 2021, p. 53.