Marilia Aisenstein partage son regard sur l'évolution des idées de la psychanalyse et de son enseignement. Elle nous invite à repenser notre notre présence en séance, et lève certains malentendus à propos de la pensée opératoire et des patients affectés d'une maladie somatique. Propos recueillis par Mickael Benyamin.
Marilia Aisenstein, vous êtes philosophe de formation, psychanalyste titulaire formatrice à la Société psychanalytique de Paris (SPP) dont vous avez été présidente, psychosomaticienne et membre de la Société hellénique de psychanalyse ainsi que de la Société britannique de psychanalyse. Vous avez également occupé différentes fonctions au sein de l’Association psychanalytique internationale (API). J’aimerais, pour commencer cet entretien, que vous nous parliez de votre pratique et de l’évolution des idées sur le plan de la psychanalyse aujourd’hui dans la société.
L’évolution des idées va, je crois, dans le bon sens parce que nous assistons toujours à un approfondissement de la théorie. Cela dit, je reste strictement freudienne et pense que toutes les avancées doivent s’enraciner dans la théorie freudienne. C’est ma conviction. Quant à l’évolution de la psychanalyse dans la société actuelle, je crois qu’elle n’est pas satisfaisante, certes, mais pas aussi mauvaise que certains analystes aiment à le dire. On constate en effet une crise de la psychanalyse — datant d’il y a vingt ou peut-être trente ans — qui est en partie due à l’incapacité des analystes de se faire entendre de façon claire et simple par le monde intellectuel. Je pense que si nous étions moins jargonnant, et souvent moins arrogant, les choses se passeraient beaucoup mieux. En même temps, je suis persuadée qu’une formation très stricte est nécessaire. Je crois qu’il faut absolument continuer à exiger que les supervisions portent sur des cures de…
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