Urgence de la psychothérapie institutionnelle
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Urgence de la psychothérapie institutionnelle

Réflexion à partir du livre de Pierre Delion : Urgence de la psychothérapie institutionnelle paru chez Campagne Première, 2023, 12 €.

Des propos malveillants ou imprudents de la part de politiques à l’égard des personnes travaillant en psychiatrie, ajoutés à des chiffres alarmants, des documentaires qui lèvent un coin du voile (le film de Martine Deyres, Les heures heureuses, le documentaire de Nicolas Philibert, Sur l’Adamant). Et aujourd’hui ce cri d’alarme de Pierre Delion qui permet de mesurer ce que nous perdons au fil du temps dans la destruction en cours de la pensée et des pratiques de la psychiatrie.

C’est toute la culture qui est touchée à travers le sort fait aux patients traités et à ceux qui sont privés de soins. Rien ne justifie le rejet de la psychanalyse qui n’a pas achevé son processus et continue à se renouveler. Rien ne justifie le mépris, le silence et les projections fantasmatiques autour de la psychothérapie institutionnelle. Mais ce qui est très dangereux pour l’avenir, c’est d’assister à une double régression. La première touche au sens profond de l’institution. Ce mot désigne les cadres où s’institue la vie : famille, école, travail, hôpital. Soigner prend du temps, dans ou hors d’un hôpital. Ce temps n’est pas mesurable : il est historique. L’histoire singulière de la vie fait qu’il est impossible d’assigner une durée standard à une cure. La deuxième régression s’annonce lorsque le souci sécuritaire conduit à interdire la libre circulation à l’intérieur des établissements. C’est tout le trésor de la vie quotidienne, faite de rencontres humaines, qui est en voie d’épuisement faute d’y voir les ressources qu’elle recèle. « Nous suivons des labyrinthes sans surprises avec des Minotaures apprivoisés » disait Jean Oury (1976, p. 40).

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