Dans ma pratique clinique, je m'inspire du squiggle formalisé par Donald Woods Winnicott (1964-68, 1971) – une méthode de dessin singulière – pour travailler avec les patients adolescents que je rencontre pour des psychothérapies psychanalytiques.
Cependant, si la méthode de Winnicott paraît parfaitement convenir aux enfants, elle m’a semblé parfois constituer un point de butée, un espace d’achoppement, avec les patients adolescents, dont les âges étaient souvent compris entre 13 et 20 ans. Je ne dis pas que l’âge est un critère déterminant pour dessiner ; au contraire, si les patients se montrent suffisamment curieux de la méthode, il n’existe au fond aucune contre-indication. Mais les adolescents investissent le dessin différemment des enfants, principalement quand il s’agit de représenter des motifs.
Je désire montrer que les squiggles (ou les dessins de manière générale) peuvent représenter une surface équivalente à la peau, en même temps qu’un espace de profondeur potentiellement érotique, permettant de travailler les métamorphoses du pubertaire (Gutton, 1991). Pour cela, je rappelle d’abord les contextes clinique et conceptuel qui ont bordé l’invention de Winnicott, puis présente mon adaptation du squiggle game avec les adolescents (Chevalier, 2020, 2021, 2022).
Le Squiggle Game avec l’enfant
Si Winnicott (1964-68, 1971) inventa le squiggle game, ce fut avant tout dans l’espoir de transformer un premier entretien – souvent unique – en une consultation thérapeutique, accompagnant l’enfant à découvrir son problème du moment et à l’analyste d’entrer en contact avec le vrai self de l’enfant. Le self est un concept complexe dans l’œuvre de Winnicott, car il n’en existe aucune synthèse métapsychologique, ainsi sa distinction avec le moi freudien n’est pas toujours évidente. Cependant, Winnicott (1954) a proposé…
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