Aux premières heures du confinement, c’est toute une organisation, déjà au bord de la rupture, qu’il faut remodeler en urgence à l’hôpital public. La crise de la Covid-19, dans sa dimension contingente et soudaine vient confronter les soignants à l’impensable. À une situation qui a de grandes chances de déborder les individus et de rendre toute défense psychique extrêmement coûteuse, voire inopérante. Il s’agit là d’un type d’événement qui « en l’espace de peu de temps, apporte dans la vie psychique un tel surcroît d’excitations que sa suppression ou son assimilation par les voies normales devient une tâche impossible, ce qui a pour effet des troubles durables dans l’utilisation de l’énergie »1. En somme, une effraction potentiellement traumatique pour le sujet, face à laquelle le risque d’épuisement émotionnel est très important.
En réponse à cette crise sans précédent, il incombe aux psychologues de faire exister la réalité psychique des agents hospitaliers, et de prévenir les éventuels symptômes de stress post-traumatique à moyen-terme, et ce, grâce à la mise en place de dispositifs. C’est avec ces éléments en tête que le collège des psychologues de l’hôpital Melun-Sénart monte en urgence la cellule COVID-PSY. Ayant participé à cette cellule, je souhaite ici faire part de mon expérience avec les soignantes et soignants de maternité.
En cette période, les soignants du territoire sont amenés à réinventer leur pratique, les psychologues eux aussi doivent repenser certains de leurs outils. La première action des psychologues de la cellule est d’ouvrir plusieurs bureaux, invitant les soignants à s’y rendre en cas de besoin. Une démarche qui, seule, est bien insuffisante. Elle permet, certes, une reconnaissance symbolique des difficultés auxquelles sont confrontés les soignants à l’échelle institutionnelle (dont l’effet n’est pas à minimiser), mais…