Winnicott, comme Ferenczi1, a peu écrit sur la psychosomatique. Est-ce pour la même raison que Freud a peu écrit sur l’addiction, du fait de son épisode avec la cocaïne (puis en raison de son lien addictif avec le cigare) ? Est-ce sa formation médicale de pédiatre qui a plongé Winnicott si tôt dans la médecine qu’il n’a pas éprouvé le besoin de théoriser davantage ? Est-ce sa fragilité psychosomatique personnelle2 ? Dans un de ses rares articles présentant un titre qu’on pourrait croire en rapport avec la psychosomatique : L’esprit et ses rapports avec le psyché-soma (1953, De la pédiatrie à la psychanalyse, p.66), il expose en réalité un cas de dissociation schizoïde, chez une patiente avec un faux-self.
Il a malgré tout fait quelques conférences grand public, comme celle sur cure et care (Cure (1970), dans Conversations ordinaires, Gallimard 1988, p.123), où il parle de la nécessité du holding, du « prendre soin » dans la médecine. Il y a aussi des notes anciennes sur l’allergie - l’eczéma, l’asthme, le rhumatisme articulaire - dans lesquelles il évoque le lien entre l’allergie et un raté de l’auto-érotisme - ainsi qu’une observation clinique sur l’épilepsie. Mais ces notes cliniques se trouvent en majorité dans les articles des années 30 à 40, que l’on trouve dans L’enfant, la psyché et le corps (Payot 1969), et il n’y élabore pas vraiment une théorie psychosomatique.
Ses réflexions les plus intéressantes, en fait, sont ailleurs, et indirectes. Ainsi, dans La nature humaine, lorsqu’il évoque (Gallimard, p.39) que « la liberté pulsionnelle facilite la santé corporelle ». À l’inverse, de fortes contraintes de la réalité et de la société, des angoisses et des inhibitions générées par un Idéal du Moi de…