Exercer en libéral, seul avec son patient, suppose que l’analyste fasse appel à un tiers, garant de l’éthique analytique. Le premier tiers, le cadre analytique, contrat entre le patient et l’analyste, consiste en un certain nombre de règles dont la plus fondamentale, l’analyse de l’analyste, lui permet de maintenir l’ouverture à son propre inconscient dans le refus de la suggestion ou de la projection de ses propres désirs. Pourquoi ces règles exigent-elles un autre tiers : l’institution d’appartenance de l’analyste ? Car l’identité et la reconnaissance procurées par une institution permettent à l’analyste de renoncer à la place du savoir dans la cure. Ce renoncement pulsionnel, malgré l’engagement intime et affectif du travail analytique, confronte l’analyste à une solitude identitaire. Je m’intéresserai ici aux formes que peut prendre la reconnaissance du travail de l’analyste auprès de ses institutions analytiques à la lumière de leur histoire dès l’origine. Je conclurai sur la reconnaissance obtenue par la collaboration à une œuvre commune, la psychanalyse, inscrite dans la civilisation, dans le cadre d’organisations institutionnelles qui invitent au transfert sur l’institution des liens transférentiels pulsionnels d’une formation sans cesse en mouvement. Ce transfert sur l’institution permettra à l’analyste de renoncer à la position d’objet du savoir dans la cure avec ses patients, et cela grâce à la mise au travail de sa quête de savoir dans une organisation analytique.
Aux origines du tiers institutionnel, le transfert
Les correspondances entre Freud et ses disciples révèlent le caractère indissociable de la pratique des premiers analystes et de leurs tentatives d’organisation en institutions. Fort de son expérience avec Fliess, « alter ego » qui offrira à Freud un premier public, un lien transférentiel au service de son auto-analyse, et un collègue de travail…