« Rendre accessible notre thérapie à cette foule d’êtres humains qui ne souffrent pas moins de leur névrose que les riches, mais qui ne sont pas en état de financer leur traitement (...) perfectionner notre connaissance des affections névrotiques et notre technique thérapeutique en les appliquant et en les mettant à l’épreuve dans de nouvelles conditions » écrit Freud (1918, 1985, p. 41), dans sa préface au recueil de textes sur les dix ans de fonctionnement de l’Institut de Berlin, qui inclut « Les voies nouvelles de la thérapie analytique ». Nous sommes un siècle plus tard, mais cette aspiration n’a rien perdu de son actualité.
Les contributeurs de ce dossier appartiennent tous à des centres1 proposant la gratuité ou semi-gratuité des soins. Centres reconnus pour leur capacité à soutenir et à renouveler la question du cadre psychanalytique dans un contexte institutionnel. Reposer la question des conditions et des implications d’un traitement psychanalytique pour des adultes en situation de souffrance psychique, qui ne relèvent pas d’une indication en milieu hospitalier et ne peuvent effectuer de demande en libéral, faute de ressources (le plus souvent financières, mais aussi parfois de la possibilité psychique de la faire) : telle est la perspective que ce dossier entend soutenir. L’angle d’interrogation privilégié est celui de la position de l’analyste, bien plutôt que celui de la psychopathologie des patients, et en particulier ce qui se trouve convoqué d’emblée chez l’analyste dans le « premier temps » consultatif.
La difficulté qui préside à la nomination de cette « première fois » est féconde : faut-il parler de consultation, de premier entretien, d’entretien préliminaire, de première rencontre ? Mais qu’est-ce qu’une « rencontre » ? Comme J-L. Donnet et J-L. Baldacci y ont insisté dans leurs différents travaux : la dimension analytique de la rencontre ne s’inscrit-elle…