« Ce livre explore les principales modalités de ce que Freud, dans une de ses toutes premières définitions de la psychanalyse, a appelé “le royaume de l’intermédiaire”. Autant de variantes de l’entre-deux : entre le masculin et le féminin, entre le savoir et le fantasme, entre l’enfant et l’adulte, entre le mort et le vif, entre le hors de soi et la présence à soi. La vie psychique est ici décrite entre deux pôles : l’expérience du rêve, cet événement de la nuit d’où peut naître la parole, et la connaissance de sa douleur qui fait silence ou cri ».
Cette proposition de J.-B. Pontalis s’inscrit d’emblée dans l’entre-deux, dont la première qualité, à l’instar de l’objet transitionnel de Winnicott1, est justement, non seulement de n’appartenir ni à l’un, ni à l’autre, mais de ne pas même se prêter à la question de son appartenance. A partir de l’entre-deux, c’est vers l’attente que je souhaite m’orienter sans que je sache très bien où celle-ci peut nous conduire, ne serait-ce que parce qu’elle n’est pas un concept analytique au sens plein du terme. Il m’a semblé que, à travers cette expérience à la fois riche et douloureuse, cette expérience fondamentalement humaine, je pouvais chercher l’empreinte de Winnicott, bien sûr à travers l’aire transitionnelle qui sert de creuset à toute forme de création et dont on peut penser, justement, qu’elle est partie constituante de la capacité d’être seul et donc d’attendre, en l’absence de l’objet. Mais je souhaite également aller ailleurs, du côté de la différence, non seulement entre dedans et dehors, moi et autre mais aussi entre masculin et féminin, et revenir, à cet égard - le thème de ce colloque oblige - aux propositions de Winnicott, dans une perspective plus critique,…