Voici un certain temps que je défends une théorie du cadre psychanalytique qui se refuse à dissocier psychothérapie analytique et psychanalyse. Ceci afin d’éviter les clivages, dans la pratique et dans les sociétés d’analyse, et de leurs formations. Mais bien entendu, cela implique qu’on soit exigeant quant à la réflexion théorique et technique pour la prise en charge « aménagée » des cas difficiles.
Les conditions de l’analyse ont en effet changé depuis le temps de Freud. Non pas qu’il n’existe plus de névroses. Nous avons tous dans notre clientèle une petite proportion de patients névrosés, hystériques, hystérophobiques ou obsessionnels, qui donnent satisfaction à l’analyste, à condition de ne pas ignorer qu’il existe souvent un noyau traumatique, dépressif ou psychosomatique qui n’est pas si facile à élaborer. Faute de quoi des surprises peuvent l’attendre à la fin de l’analyse, ou être à l’origine de multiples reprises.
Les patients difficiles arrivent en souffrance avec leur propre cadre, leur cadre interne, comme disait J. Bleger. Le patient investit les éléments du cadre de l’analyste à sa façon (le divan, la régularité des séances, etc.) pour soutenir son pare-excitations endommagé par ses vécus traumatiques. T. Bokanowski nous a donné la formule pour les états-limites : prédominance de l’agir, de l’irreprésenté, et pour finir carence du pare-excitations. Cela veut dire que ces patients qui viennent à la psychothérapie ou à l’analyse, et pour qui la différence entre les deux n’est pas claire, s’y décident parce que leur cadre interne est en train de se fissurer et risque de s’effondrer. Ils viennent chercher un soutien psychothérapique, qui existe toujours, même dans les cures les plus classiques.
Même avec les patients névrosés, il est bien rare en effet que…