Psychanalyse d’enfant et psychanalyse de famille
Envisager ces deux extensions de la psychanalyse, l’une devenue indiscutable, l’analyse des enfants, l’autre encore controversée, l’analyse des familles, dans l’histoire de leur développement, permettra à la fois de saisir leur fécondité, les résistances suscitées dans l’établissement de la psychanalyse, et de montrer que le meurtre et l’inceste ne sont pas toujours que des fantasmes. Il peut sembler contre-intuitif de séparer analyse d’enfant et de famille, car qui maintenant tenterait une évaluation clinique sans tenter de saisir ces deux faces de la situation ? Pourtant il n’en a pas toujours été ainsi, et même maintenant la question familiale, groupale, n’est pas toujours appréhendée dans sa spécificité. La famille a été longtemps un point aveugle de la psychanalyse. Alors que l’analyse d’enfant a pu paraître un prolongement quasi naturel, modulo quelques aménagements techniques, la technique du jeu, elle restait la rencontre d’un patient et d’un analyste. Au contraire, la psychanalyse de la famille a eu besoin d’un nouveau cadre : groupal, deux analystes recevant tous ses membres.
Tout se passe comme si la découverte centrale de la psychanalyse, le complexe d’Œdipe, n’avait pu se penser autant qu’il le fallait pour éviter l’expérience incestueuse de l’analyse de ses propres enfants. Cet élément est central de la position transférentielle de l’analyste, un adulte nécessairement, vis-à-vis des enfants. Du côté de la famille, la psychanalyse a résisté à penser l’acte incestueux dans le lien de séduction narcissique précoce universel.
L’approche historique montre que si l’analyse d’enfant paraît une extension quasi naturelle de l’analyse, celle de la famille est en fait dérivée des traitements de groupe, que les psychanalystes ont mis des années à investir.
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