Introduction
La société hypermoderne se caractérise par l’exacerbation de contradictions dans le rapport individu/société. La richesse produite, loin de favoriser une société plus harmonieuse, exacerbe les inégalités. Les technologies permettent de « gagner du temps » et les individus se plaignent d’en avoir de moins en moins. Les hommes ont accès en « temps réel » à l’ensemble des connaissances mais la montée de l’insignifiance (Castoriadis, 1996) semble inéluctable. Cette perte de sens éprouvée par beaucoup de nos contemporains est l’expression d’un monde vécu comme incohérent, fragmenté dans lequel chaque individu ne peut compter que sur lui-même pour définir le sens de son existence et remettre de la cohérence face aux contradictions.
L’individu hypermoderne est confronté à des injonctions contradictoires. La société lui demande de se présenter comme un homme libre, responsable, créatif, capable de faire des projets, et en même temps de se couler dans des modèles (être bon élève, diplômé, bien dans sa peau…), des contraintes (concours, sélections, embauche…), des normes très strictes. Il lui faut affirmer son autonomie tout en se soumettant à des cadres plus ou moins rigides fixés par le système scolaire, le marché du travail, les entreprises et l’ensemble des institutions qui organisent son insertion sociale et professionnelle. Dans sa famille, l’enfant doit affirmer très vite une autonomie tout en se conformant à ce que ses parents souhaitent qu’il soit. Chacun est ballotté par des exigences multiples qui varient dans l’espace et le temps. Il doit être semblable et différent, affilié et désaffilié, ordinaire et extraordinaire. Ses appartenances liées à la généalogie, à ses insertions sociales et institutionnelles, ses statuts scolaire ou professionnel, sont de plus en plus différenciées, provisoires et instables. Chaque individu est renvoyé à lui-même pour tenter de mettre…
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