L’évolution de la société a changé certains aspects de la psychopathologie, autant sur le plan individuel que sur le plan des transformations du lien social entre les individus. À la problématique du conflit qui se jouait sur le plan intrapsychique, lié à des interdits forts et des règles rigides, se substitue une problématique du lien qui se joue sur le plan interpersonnel et intersubjectif, favorisée par la société néolibérale la peur panique des parents de perdre l’amour de leurs enfants. Apparaît ainsi le compromis incestuel de la séduction narcissique, et de la négociation, qui symétrise la relation et annule la différence des générations. Avec la quasi-disparition de la période de latence, la toute-puissance infantile est renforcée par la sexualisation génitale de l’adolescence qui crée ainsi des défenses narcissiques, perverses et comportementales en lieu et place de défenses intrapsychiques. Le paradigme de la névrose et du rêve a laissé sa place au paradigme des structures non névrotiques et de l’acte (Green, 1993). Du sens et de la première topique, nous sommes passés à la force et à la deuxième topique avec la décharge des forces pulsionnelles aveugles. Il a fallu repenser la cure, le cadre et la technique : Green s’y était attelé avec les états limites en les repensant « aux limites de l’analysable », et non plus entre névrose et psychose : On ne peut plus fétichiser le silence, la réalité psychique avec la seule référence à l’intrapsychique. La prise en compte de l’intersubjectif, de la réalité matérielle et du social devient indispensable pour penser cette nouvelle économie psychique.
Depuis les travaux de Jean Bergeret (1975) et d’Alain Ehrenberg (1998), il est devenu classique de dire que la société basée sur des valeurs éducatives organisées autour du surmoi – des interdits, structurants et contenants…
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