Introduction
La violence, individuelle ou collective, résulte d’une prédominance de l’impulsion et du passage à l’acte sur un agir réfléchi. À l’origine des débordements et de passages à l’acte répétitifs, on trouve souvent l’impatience, l’incapacité de lier les pulsions en leur état primaire et de les contenir par la représentation d’un désir plus élaboré. La violence de la vie pulsionnelle tient à la décharge brutale de la force qui en constitue le noyau. On peut désigner ce phénomène sous différents termes : excitation, violence fondamentale ou encore pulsion de mort. Les états-limites, les psychopathes, les impatients qui ne peuvent attendre sans se sentir au bord de l’explosion, vont avoir tendance à recourir à l’agir comme moyen de décharge. Dans la dernière partie de son œuvre, Freud cherche à comprendre de quelle façon les pathologies collectives entrent en résonance avec celles des individus. Dans sa correspondance avec Einstein (Freud & Einstein, 1932), il évoque les limites de la sublimation dans l’art et la culture et considère qu’une part de la pulsion résiste à ce traitement sublimatoire pour se livrer à la pulsion de mort. C’est toute la question de la décharge, ce reste non lié de la pulsion libidinale, que l’on peut comparer à la force destructrice de l’entropie. À la question d’Einstein : « Est-il possible de diriger le développement psychique de l’homme de manière à le rendre mieux armé contre les psychoses de haine et de destruction ? » Freud (1932, p. 38) répond que le combat entre le droit et la violence existe depuis les origines animales de l’homme. Mais l’union fait la force, par le droit et la communauté d’intérêts, et contient la violence et cette communauté, qu’elle soit chrétienne ou communiste ne peut se maintenir unie, selon lui, qu’en déchargeant son agressivité…
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