« Primum non nocere »1
Il a été frappant de voir combien, ces derniers mois, l’attention médiatique, politique, et sociale, s’est portée sur des questions jusque-là encore peu présentes dans le discours courant : celle de l’accouchement, de la maternité, du suivi gynécologique, celle, finalement, des femmes dans la médecine, et notamment des femmes enceintes et des parturientes2. Nous avons alors vu émerger dans ce discours une expression encore peu répandue, ou au moins cantonnée à des milieux spécifiques - militantisme féministe notamment -, ce terme de violences obstétricales, qui défraye la chronique et soulève l’indignation des soignants en gynécologie et en obstétrique.
Associée souvent au mouvement de libération de la parole des femmes ayant eu lieu en parallèle, cette expression, sous la forme d’une polémique, a en effet permis l’émergence de questionnements nouveaux, d’interrogations des pratiques, de diffusions plus larges de récits de cet événement aussi commun que personnel et unique, aussi connu qu’encore mystérieux. Une fois encore, corps privé et corps publique se rencontrent, une fois encore, le corps devient enjeu politique et social, et une fois encore, cela ne se fait pas sans étincelles.
Il est alors aisé de saisir la complexité d’un tel sujet, pris dans des enjeux multiples et entremêlés, qui ne sauraient supporter une approche et un discours unique, mono-disciplinaire, ou réducteur. Cette pluralité de discours, de points de vue, de perceptions, vient alors cristalliser un débat qui en devient stérile, dans lequel ces enjeux s’entrecroisent, se confondent, fusionnent, et se perdent. De là vient alors la difficulté à cerner ce terme de violences obstétricales. De quoi s’agit-il alors ? Parlons-nous de violence faite aux femmes, de ses mécanismes, de patriarcat ? Parlons-nous…