Journal d’un corps
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Journal d’un corps

De 3 à 8 ans…

Corps de chiffon

Une poupée de chiffon ne prend vie que dans les mains de ses parents ou de ses grandes sœurs. Marionnettistes de talent, ils savent l’animer, la faire marcher et l’empêcher de tomber.

Petite poupée peureuse, du haut de ses trois ans, n’a pas envie de grandir. Elle préfèrerait rester en boule, au fond de la poussette, qu’on l’oublie sous l’oreiller ou sur le siège de la voiture. Il a fallu la prendre dans les bras, la serrer plusieurs fois, lui tenir la main jusqu’à la petite grille de l’école maternelle pour qu’elle accepte de se déplier.

Maman, l’école n’est pas faite pour une poupée qui se chiffonne. Si mes jambes de coton peuvent se dérober, toi, tu ne peux pas m’abandonner. C’est par ici que l’on grandit, m’a-t-elle dit ! Moi qui pensais qu’il suffisait de boire du lait. Il fallait aussi apprendre l’alphabet, se mettre en rang, bien écouter la maîtresse, colorier sans dépasser, reboucher ses feutres, ne pas se moucher dans sa manche, ne pas pleurer et puis, la laisser partir, si, il faut me laisser partir maintenant, t’es une grande fille. Je suis tellement plus grande et plus forte dans tes bras. Toi, tu sais lire et écrire. J’ai pas besoin d’apprendre tout ça tant que tu seras là.

Mais les médecins, à ma naissance, avaient bien coupé le cordon ombilical qui me reliait à ma mère. Alors j’essayais de faire cordon, avec ma main, ou une larme, n’importe quoi qui puisse empêcher nos corps de se séparer. Mais les bras de la maîtresse étaient plus…

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Handicap et vie psychique