Les écrits colligés dans cette publication sont le fruit d’une réflexion portée par l’équipe du département de psychiatrie de l’Institut Mutualiste Montsouris du Pr Maurice Corcos, et de leurs invités. La proposition étant de se situer sur le terrain de l’éthique pour aborder une des grandes problématiques de la pratique psychiatrique actuelle. Des multiples débats en cours en psychiatrie, celui qui la secoue le plus violemment se résume en un mot : néolibéralisme. C’est pourquoi la question valait d’être posée : la psychiatrie survivra-t-elle au néolibéralisme ?
Mais que désigne-t-on sous ce vocable ? Il s’agit d’une idéologie qui se répand au rythme de la mondialisation qui consiste comme le décrit Pierre Bourdieu (1998) : « en la mise en pratique d’une utopie, convertie en programme politique, mais une utopie qui, avec l’aide de la théorie économique dont elle se réclame, parvient à se penser comme la description scientifique du réel ». Vingt ans après cette description, son expansion est toujours en marche, se prolongeant dans une pratique gestionnaire touchant tous les domaines de l’existence. Ainsi, il n’y a plus de limites à la marchandisation, à la mise en concurrence de tous contre tous, au cynisme dans le management. Si la prévision de Bourdieu, concernant la destruction des collectifs, ne s’est pas confirmée, il n’empêche que se vérifie quotidiennement l’érosion des valeurs qui portent les organisations sous couvert de management et de gestion. Ce qui s’observe à l’école, dans le monde du travail depuis vingt ans est arrivé aujourd’hui dans nos institutions de soins. Les effets délétères de ces évolutions sont devenues clairement perceptibles en psychiatrie, que ce soit du côté des patients ou bien dans les hôpitaux, chez les soignants.
En se situant sur le plan éthique, c’est au niveau subjectif…