Introduction
De quel amour parle-t-on donc quand on parle d’amour fou ? Après avoir bien trop vite rappelé qu’il n’y a pas d’amour sans folie, et qu’il n’y pas d’amour heureux - l’amour mérite mieux que le bonheur, aussi est-il grave et profond, avec de sublimes soleils et quelques sombres orages ; la question à même de devoir être posée pourrait être la suivante : qu’est-ce qui peut faire (bien ou mal ; après cristallisation ou incubation) aimer à la folie ?
Et la réponse immédiate qui vient me semble-t-il au corps et à l’esprit pourrait être dans une première approximation : ce qui meut et émeut, met en mouvement corps et âme, met en branle l’affect et le désir du sujet (un geste, un regard,…), désir qui s’émeut lui-même et émeut (d’être ému) l’autre en retour.
Les déraisonnables sont ceux qui veulent penser, à leur corps défendant, que la raison raisonnante, pure de toute expérience sensorielle, les mettrait à l’abri de la folie. Ils se ferment dès lors à l’affect et à ses risques de débordement… de l’émotion jusqu’au sentiment (de la dépendance jusqu’à l’aliénation ; de la confusion jusqu’à la dissolution du moi…), ceux qui gèrent leur « commerce » objectal sans perdre de vue l’écart narcissico-objectal, considérant que la liaison amoureuse pourrait, être lésion de soi par envahissement du territoire de leurs propriétés, alors qu’elle est légion d’attractions rythmiques multiples et d’autant d’ouvertures possibles. Bref à ceux qui ont la passion tremblante rappelons que « tout ça n’est qu’un jeu » certes dangereux mais… que l’amour est illusion mobilisatrice, asymptote toujours fuyante, éphémère et éternelle, dans les intermittences du cœur… c’est mourir et ressusciter, perdre la tête et retrouver ses esprits. Se montrer trop raisonnable, exigeant trop…