Les lieux de placement pour mineurs délinquants fonctionnant sous la responsabilité de la Direction de la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ) sont des espaces d’exclusion sociale des adolescents « en conflit avec la justice ». Exclusion, car les adolescents qui y sont « placés » sont extirpés de leur milieu familial et social d’origine, et mis sous la « garde » de l’État. Les EPE1, couramment appelés « foyers », et les Centres Éducatifs Renforcés (CER) et Centres Éducatifs Fermés (CEF) constituent des structures plus ou moins ouvertes dans lesquelles les adolescents vivront pendant quelques semaines, mois, voire années. Si une de leurs fonctions sociales originaires est clairement la protection de ces jeunes « en danger », ce qui distingue leur logique sociale des placements sous la responsabilité de l’Aide Sociale à l’Enfance est que les jeunes placés, ayant transgressé la loi, sont aussi perçus comme « dangereux », et que leur placement répond souvent également à un impératif de protection du milieu social vis-à-vis de ceux qui y sont placés. Dans ce sens, la logique de l’exclusion qu’ils opèrent peut être conçue en termes de « contention » de ces adolescents délinquants ou criminels, contention de leurs tendances transgressives et de leur violence, permettant idéalement de les « éduquer » en vue de leur réinsertion sociale.
Le terme éduquer vient cependant souligner qu’au-delà de la contention, il s’agit de transformer les comportements des jeunes, introduisant ainsi l’idée de la contenance — au sens psychanalytique — que peuvent offrir ces lieux.
Notons que ces deux perspectives sont liées à la fondation même de la justice des mineurs contemporaine, incarnée dans la célèbre « Ordonnance du 2 février 1945 relative à l’enfance délinquante » qui marque le passage d’une justice fondamentalement punitive et disciplinaire, dont les « bagnes pour enfants » restent le symbole, à une justice…
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