Les rencontres BB/Ados ont toujours un parfum particulier pour moi, il y règne un climat de liberté, s’y déploie une parole sans langue de bois, sans effets de manches, qui crée une ambiance particulière et donne aux débats, car il y en a, une dynamique créative. C’est un bon lieu pour parler de la question de la création et de sa place dans l’économie psychique, voire dans l’économie de l’être. Je vous propose une réflexion, à partir de D.W. Winnicott mais dans la liberté de ma lecture de celui-ci, sur la place nécessaire de la création dans le processus de symbolisation et d’appropriation subjective de l’expérience vécue. Mon hypothèse de travail est qu’elle représente une condition sine qua non du processus de subjectivation.
Freud ou Winnicott ?
L’une des caractéristiques de ma réflexion sur l’apport de D.W. Winnicott à la pensée psychanalytique contemporaine repose sur le souci de conserver en permanence la question de son articulation avec l’héritage freudien, ou une partie de celui-ci, à l’esprit. Plus j’avance dans cette réflexion et plus il m’apparaît, en effet, que la pensée de D.W. Winnicott ne s’oppose pas à celle de Freud mais qu’il permet d’explorer des problématiques qui sont en amont de celle de Freud, comme si, dans le mouvement en spirale qui caractérise le creusement des questions en psychanalyse, D.W. Winnicott invitait son lecteur à parcourir une boucle de plus, à creuser les conditions de possibilités de ce que Freud a si bien décrit. Très souvent ce qui apparaît dans la pensée de Freud comme une donne première, se découvre, dans l’exploration clinique de D.W. Winnicott tout autant que sur les conjonctures cliniques « aux limites » sur lesquelles il se penche, comme possédant une…