Chaque mois, Carnet Psy donne carte blanche à un clinicien pour nous présenter, à la première personne, sa rencontre avec une œuvre importante à ses yeux. Maurice Corcos a choisi Winnicott et son célèbre texte sur le rôle du visage de la mère.
Depuis plus de 30 ans, j’organise et anime à l’Institut Mutualiste Montsouris un séminaire de psychanalyse et littérature – le séminaire Babylone - où j’invite un psychanalyste à venir parler de sa rencontre avec un texte littéraire. Nous y avons compris que si un texte nous passionne et nous absorbe, c’est en raison du fait que nous/j’ai l’impression que l’écrivain a un dossir complet sur moi/nous. Non pas un dossier quant à mes actes mais une profonde connaissance de mon inconscient.
« Le rôle de miroir de la mère et de la famille » occupe une place centrale dans l’œuvre de Winnicott. J’ai dû relire ce texte au moins cinquante fois, seul puis à chaque semestre d’internat avec les internes qui rejoignent le service de psychiatrie. Et à chaque semestre, je n’exagère pas, je tire un nouveau fil, un énième fil. Donc si j’ai choisi ce texte c’est parce que Winnicott parle, non pas étrangement mais bel et bien directement, à mon inconscient comme les écrivains parlent à leurs lecteurs… ou plutôt laissent dans leur œuvre, par sympathie pour eux, un espace où loger leurs fantasmes.
Freud, dans le transfert, ce qu’il aimait à jouer, c’est à être le père. Winnicott, dans le transfert, lui, n’hésitait pas à être soit la mère, soit le bébé voire même à être une femme. Pourquoi…