Introduction
Il y a un paradoxe apparent à parler de l’apport de Green à la psychanalyse de l’enfant quand on pense à ses critiques sévères, pour ne pas dire assassines, envers ceux qui prétendent construire un cadre spécifique pour une telle pratique. En 1979, il écrit « La “simplicité” de l’enfant est un leurre ; le dégagement des catégories qui rendent intelligible son être est toujours né de la réflexion de l’adulte – il ne peut en être autrement » et enfonce le clou : « chercher l’enfant directement reviendrait à nier qu’il faut d’abord qu’il y ait du refoulé pour savoir ce que le refoulement doit refouler… Ce miroir aux alouettes se reflète dans le postulat de la démarche « développementale » qui espère, en multipliant les étapes de l’investigation, rétablir une continuité fallacieuse, alors même qu’il lui manque les ressorts théoriques permettant de comprendre le cours et le sens des changements » (Green, 1979, p. 30).
Ma rencontre avec green
J’ai bien connu André Green ; comme la plupart de mes camarades, dès mon internat, je l’ai lu et entendu dans ses interventions publiques toujours impressionnantes et parfois enflammées. À la même période, j’ai eu la chance de le voir rencontrer une grande psychotique de l’Hôpital « L’eau vive », à Soisy, à l’initiative de Thierry Bokanowski qui y était alors médecin-assistant et avait organisé cette présentation clinique ; face à face fascinant tant par la qualité technico-théorique de l’entretien que par l’intensité et la vérité de ce face-à-face. La trace de cette soirée, pourtant vieille de cinquante ans, ne s’est pas effacée. Plus tard, je l’ai fréquenté de près en tant que directeur de collection (Green, 1994). Il m’avait auparavant accueilli par un courrier chaleureux quand j’avais…
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