Introduction
« L’objet est le révélateur des pulsions » : cette formule, avancée par André Green (2002, p. 239) au mitan de son œuvre, a aujourd’hui pour nous valeur d’aphorisme. Elle signifie que pulsion et objet sont deux concepts formant un couple psychanalytiquement indissociable, que l’on ne peut les penser séparément, tout comme le dedans et le dehors, l’intrapsychique et l’intersubjectif. Les analystes postfreudiens ont reproché à Freud son solipsisme et mené une réflexion sur l’objet et les pulsions destructrices sans tirer les conséquences de l’inclusion des pulsions dans le Ça. Telle sera la démarche de Green, utilisant la cure analytique des patients-limites comme laboratoire, pour étudier la dynamique entre les pôles pulsion et objet de l’appareil psychique. À partir de 1950, en raison d’une catégorie de patients présentant des transferts particuliers, les psychanalystes ont délaissé la problématique du désir pour celles de l’objet et du moi, en même temps qu’ils imaginaient des variantes à la cure classique. Proche à ses débuts de Lacan dont la pensée doit beaucoup au structuralisme, André Green a dit le choc qu’a été pour lui, en 1961, la découverte des analystes anglo-saxons. Il a expliqué son « coup de foudre » pour leur manière d’exposer et de discuter la clinique, l’attention portée à l’implication contre-transférentielle de l’analyste. Cette découverte l’a conduit à forger ses conceptions à la croisée de trois courants de pensée analytique, essentiels pour rendre compte de la construction du psychisme et de la psychopathologie : le conflit entre nature et culture selon Freud, les relations d’objet telles qu’appréhendées par les Anglo-Saxons et la dialectique lacanienne du sujet et de l’autre (pour lui « autre semblable »), liés entre eux, avec l’objet comme médiateur.
L’objet primaire et la structure encadrante du narcissisme
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