L’évaluation des psychothérapies psychanalytiques comme atout pour les cliniciens
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L’évaluation des psychothérapies psychanalytiques comme atout pour les cliniciens

Ce titre pourrait paraître quelque peu provocateur à une époque où l’on entend souvent les cliniciens en pratiques institutionnelles dénoncer les méfaits de procédures d’évaluation assurées par des instances officielles et menées au nom de pratiques évaluatives du soin asservies à des logiques financières ou inféodées à des méthodologies inadaptées pour évaluer des thérapies relevant de l’épistémologie psychanalytique (Gori, Sauret et Abelhauser, 2011). Nombre de psychanalystes et psychologues cliniciens ont longtemps été – et sont encore en partie – opposés au principe même de l’évaluation de leurs pratiques thérapeutiques, en raison notamment de l’imposition d’échelles d’évaluation quantitatives et cognitivo-comportementalistes qui prétendent rendre compte des résultats de psychothérapies psychanalytiques.

On oppose par ailleurs souvent les épistémologies cognitives et comportementalistes, auxquelles se réfèrent les Thérapies cognitivo-comportementales (TCC), réputées du côté du mesurable et de l’objectivité, à l’épistémologie psychanalytique, sur laquelle se fondent les psychothérapies psychodynamiques : celles-ci seraient du côté de l’inévaluable, en raison d’une subjectivité définie comme irréductible à toute mesure, objectivation ou quantification, subjectivité éminemment singulière, incompatible avec une quelconque généralisation. Dans le contexte actuel des attaques contre les thérapies psychodynamiques, notamment en pratiques institutionnelles, une telle façon de poser le problème oblitère le fait qu’il est devenu urgent pour les cliniciens de ne pas se limiter à la critique de l’inadéquation des échelles d’évaluation conçues par les TCC, mais de proposer, voire d’inventer, des modalités d’évaluation spécifiques à l’approche psychodynamique et congruentes avec l’épistémologie psychanalytique. En outre, il s’impose de déconstruire des oppositions simples entre objectivité et subjectivité, sciences « dures » et sciences « molles », entre mesurable et inévaluable. Il n’y a pas d’évaluation sans sujet, et pas de sujet sans besoin de mesure (Georgieff, 2016 ; Roussillon, 2016).

L’inflation actuelle de l’évaluation du système de santé et plus…

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Évaluation des pratiques cliniques