Introduction
L’une des questions que pose l’évaluation du travail de psychothérapie nécessite d’établir comme préalable qu’il existe un rapport étroit entre travail¹ et évaluation et par conséquent, de mobiliser une théorie du travail structurée. Les plus nombreuses sont celles qui se réfèrent à l’évaluation du travail objectivable et quantifiable, dont d’une part les écueils ont déjà été précisément analysés (Dejours, 2003) et d’autre part, dont la pertinence est mise en doute pour les spécificités du travail de psychothérapie, notamment d’orientation psychanalytique.
Dans un premier temps, nous présenterons des éléments théoriques relatifs aux rapports entre évaluation et travail pour apprécier la nature du travail engagé entre le clinicien et le patient. Afin d’étayer notre proposition, nous nous appuierons dans un second temps sur l’exemple clinique d’une patiente qui sollicite de nouveau un travail thérapeutique après avoir interrompu, durant plusieurs années, un premier temps de prise en charge qui avait duré environ deux ans. Cette nouvelle demande interroge immédiatement un éventuel échec de la thérapie précédente. En effet, elle montrerait que « l’équilibre » auquel la patiente avait abouti au cours du premier temps de prise en charge est menacé, voire qu’il n’a pas été suffisamment structurant, ou encore stabilisé. En outre, cette demande interroge chez la clinicienne la qualité et la solidité des hypothèses théorico-cliniques sur lesquelles elle avait fondé ce premier moment d’accompagnement thérapeutique. Ces deux éléments conjugués seraient par conséquent à considérer en faveur d’une remise en question de la « réussite » de cette cure, dont les objectifs auraient, somme toute, été manqués. Toutefois, le matériel clinique du second temps de prise en charge amène à requalifier cet échec apparent, démontrant que l’évaluation du travail de psychothérapie repose sur la prise en compte des rapports indissociables…
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