Quelques remarques préalables
L’adolescence est conçue du point de vue psychanalytique comme un processus psychique singulier et comme une phase incontournable du devenir sujet : elle représente un temps de réaménagement majeur du rapport à soi et aux autres, une exigence de travail psychique adossée à l’émergence du corps pubère – substrat du biphasisme du développement psychosexuel. Mais les remaniements induits par la puberté peuvent s’étendre dans le temps, au point que l’adolescence peut également être envisagée comme un premier temps de gestion de la crise pubertaire, potentiellement traumatique, dont le processus trouvera ensuite à se poursuivre dans le devenir adulte (Chantepie, 2021 ; Roman & Schwab, 2021).
Par ailleurs, la période juvénile est depuis longtemps considérée comme un moment critique du point de vue du risque de décompensation. L’on peut penser ici aux très nombreuses études psychiatriques ou psychopathologiques qui portent sur l’émergence des psychoses, des troubles de l’humeur, des troubles des conduites alimentaires, des conduites addictives, etc. L’OMS souligne ainsi que 15 % des jeunes présentent un trouble mental et que le suicide est la troisième cause de décès chez les 15-29 ans¹. Ce constat répété se trouve d’autant plus renforcé depuis 2021, date à partir de laquelle les études témoignent d’une augmentation de la détresse psychique chez les jeunes prenant notamment la forme de problématiques dépressives et/ou suicidaires², ce qui concourt à en faire un enjeu majeur de santé publique.
Ainsi, si l’adolescence et le devenir adulte apparaissent comment des maillons importants des politiques de santé mentale et dans une perspective psychopathologique du fait de leurs potentialités critiques comme de la richesse de remaniements qu’ils convoquent, nous pouvons nous demander comment les dispositifs cliniques mis en place permettent de…
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